«Il s'agit d'un gouvernement rassembleur qui représente la meilleure solution pour le Liban dans cette période», a déclaré M. Salam. L'option d'un gouvernement basé sur la formule de trois 8 a finalement été retenue, offrant ainsi aux deux grandes alliances, du 8 et du 14 mars, seize portefeuilles ministériels dont celui de l'Intérieur. Les huit ministères restant sont revenus aux partis politiques centristes, selon la liste rendue publique en milieu de journée d'hier. «Les portefeuilles ont été distribués en respectant l'équilibre entre toutes les forces. La rotation a été adoptée, loin du confessionnalisme, à l'exception du poste de vice-Premier ministre», a insisté le Premier ministre qui avait été désigné, depuis la démission de son prédécesseur Najib Mikati, pour former un gouvernement en urgence, au risque de voir le pays replonger dans le chaos, dans un contexte marqué par la guerre civile en Syrie depuis mars 2011. «Le gouvernement d'intérêt national a été formé pour rassembler. Il est susceptible de relancer le dialogue national sous la houlette du chef de l'Etat et de permettre de tenir l'élection présidentielle à la date prévue», a souligné le nouveau Premier ministre. L'urgence de former un gouvernement d'union nationale répondait en effet au souci de tenir une nouvelle élection présidentielle. Le président actuel, Michel Sleimane, qui s'est octroyé huit ministères, avait menacé à maintes reprises de former un gouvernement de fait accompli, devant les blocages causés par les rivalités entre les différentes forces politiques à Beyrouth et aussi par l'affaire de l'assassinat de l'ancien chef du gouvernement Rafic Hariri le 14 février 2005, dans un attentat à la voiture piégée. L'accusation émise contre le parti chiite, le Hezbollah qui fait partie du jeu politique au Liban, a plongé le pays dans l'instabilité, voire le risque d'une reprise des violences armées. Le Tribunal spécial pour le Liban a accusé quatre membres du parti chiite, impliqués militairement dans la guerre en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad, d'avoir fomenté et exécuté l'ancien Premier ministre. Saad Hariri, fils du défunt Rafic Hariri et ex-Chef du gouvernement, avait rejeté toute idée de participation à un exécutif dont ferait partie le Hezbollah, avant de changer d'avis fin janvier dernier. «Je tends la main à tous les partis, pour favoriser l'intérêt de la nation les appelant à résoudre leurs différends au sein des institutions de l'Etat», a lancé M. Tammam, repris par la presse libanaise. A noter que l'option trois 8 empêche les différents groupes rivaux d'imposer leur droit de veto sur les décisions gouvernementales. La formation d'un gouvernement permettrait par ailleurs à l'économie du pays de reprendre son souffle après des mois de crise, due au manque de confiance des investisseurs qui avaient craint un débordement du conflit syrien sur le Liban. L. M.