Le nouveau Premier ministre libanais, un fils d'une grande famille politique qui eut à diriger les affaires du pays Le Liban s'est doté hier d'un nouveau Premier ministre, Tammam Salam, une personnalité politique de consensus, qui s'est aussitôt engagé à protéger son pays des répercussions du conflit en Syrie voisine. «Le président de la République Michel Sleimane a chargé M. Salam de former un gouvernement», a annoncé la présidence en début d'après-midi d'hier. La nomination de ce membre modéré de l'opposition survient deux semaines après la démission du gouvernement de Najib Mikati au sein duquel le camp du Hezbollah était très influent, suscitant des craintes d'un vide et d'une déstabilisation du Liban, déjà fragilisé par la guerre en Syrie. Député de Beyrouth âgé de 67 ans, Tammam Salam a reçu le soutien de la majorité des groupes parlementaires, notamment celui de l'opposition appuyée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, du camp du puissant parti Hezbollah, soutenu par Téhéran et Damas. «Je m'engage à faire sortir le Liban des divisions politiques qui se sont répercutées sur le plan de la sécurité, à éloigner les dangers de la situation tragique (dans le pays) voisin», a indiqué M. Salam, peu après avoir été nommé au poste. Il a tendu la main à toutes les parties sur la scène politique libanaise, estimant que son devoir était «d'oeuvrer pour l'intérêt du pays, en coopération avec toutes les parties politiques». «Je suis conscient qu'il s'agit d'une période sensible, qu'il y a des échéances importantes (législatives 2013) et j'espère que les dirigeants politiques poursuivront les consultations dans le même esprit positif (...) en vue de former un nouveau gouvernement», a-t-il ajouté. Au sein de l'opposition, Tammam Salam est considéré comme une voix modérée par rapport aux «faucons» farouchement hostiles au Hezbollah. Mais il devra mener d'intenses tractations pour former son gouvernement, le camp du Hezbollah se prononçant d'ores et déjà pour un gouvernement d'union nationale, ainsi que le leader druze Walid Joumblatt, à la tête d'un groupe parlementaire «centriste» qui fait de lui un «faiseur de rois». «Je vais oeuvrer pour la formation d'un gouvernement d'intérêt national», s'est contenté de dire M. Salam. Le 22 mars, M. Mikati avait démissionné après des divergences avec le Hezbollah sur la nomination d'un chef de police hostile à Damas, avec en filigrane le conflit syrien. M. Mikati prônait une politique de neutralité envers la crise en Syrie, alors que le Hezbollah défendait le régime de Bachar al-Assad. Plusieurs incidents impliquant des tirs de l'armée syrienne en direction du territoire libanais ont secoué la frontière des deux pays, faisant craindre un débordement du conflit. Médias et experts ont souligné le rôle de Riyadh, poids-lourd dans la politique libanaise et qui soutient les adversaires du Hezbollah, dans la nomination de M. Salam. Le quotidien libanais Al-Akhbar proche de Damas a accusé Riyadh de mener un «contre-coup d'Etat» visant le Hezbollah et la Syrie, en poussant pour la nomination de Tammam Salam. Le journal faisait référence à la chute en 2011 du gouvernement d'union nationale de Saad Hariri, actuel chef de l'opposition, après la démission des ministres du parti chiite, une initiative qualifiée de «coup d'Etat» par le camp anti-Hezbollah. L'arsenal du Hezbollah est l'une des principales pommes de discorde entre les parties rivales. Tammam Salam, qui appartient à l'une des grandes familles politiques du Liban, est le fils de Saëb Salam qui a été six fois Premier ministre entre 1952 et 1973. Il a été ministre de la Culture entre 2008 et 2009. Il a fait des études d'économie et de gestion en Angleterre et est marié et père de trois enfants.