Chacun campe sur ses positions et la glace n'est pas près de se rompre au détriment des écoliers Pour les enseignants grévistes, la méthode de menace n'a apporté que l'aggravation de la situation. La grève de l'éducation a pris un dangereux tournant. Les fortes divergences entre syndicats grévistes et le ministère de l'Education restent fortement ancrées. Chacun campe sur ses positions et la glace n'est pas près de se rompre. Les enseignants n'en font qu'à leur tête. Ils ont décidé à l'unanimité de reconduire le mouvement de grève pour une 4ème semaine consécutive, sans se soucier des menaces du ministre de l'Education, Abdelatif Baba Ahmed à leur égard. Celui-ci a clairement fait savoir que si les syndicats ne suspendent pas la grève, une action judicaire ne sera pas écartée. Pour la partie adverse, la méthode de menace n'a rapporté que l'aggravation de la situation. Selon l'Unpef, Baba Ahmed marche sur les pas de son prédécesseur, et il semble qu'il n'a appris la leçon de Benbouzid. Ainsi, le bras de fer entre les deux parties en conflit continue, mettant en péril l'avenir des enfants qui se retrouvent perturbés. Cette grève est exprimée dans le camp des grévistes comme étant une démonstration de force. Les syndicats ont avancé des taux de suivi important, que ce soit à Oran, Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Aïn Témouchent, Tlemcen, Mascara, Relizane et dans les autres wilayas de la région ouest du pays. Le Snapest parle d'un taux de suivi qui dépasse les 75% dans l'ensemble des wilayas du pays. Un chiffre qui «traduisait la volonté des enseignants d'avoir des réponses concrètes et sérieuses à leurs attentes», a indiqué le président du Syndicat Snapest, Meziane Meriane. Il a affirmé, dans ce cadre, le «ras-le-bol» des enseignants devant les réponses «approximatives et évasives de la tutelle» à leurs doléances. «Ils veulent avoir des réponses claires, sérieuses et concrètes pour arrêter ce mouvement», a-t-il soutenu. De son côté, le président du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Larbi Nouar, a indiqué que le taux de suivi dépasse les 85%, précisant qu'une «plus grande» adhésion à ce débrayage a été enregistrée dans les collèges et les écoles primaires du pays. «Le ministère ne cherche pas à trouver des solutions à nos problèmes, au contraire, il brandit le bâton de la menace. Les enseignants se sont sentis touchés dans leurs amour-propre et leur dignité en constant que le ministre de l'Education évoquait l'éventualité de la révocation des grévistes», a-t-il indiqué. Il a ajouté que la tutelle est tenue d'organiser des rencontres «sérieuses et fructueuses» avec les partenaires sociaux pour donner des réponses «concrètes» à leurs attentes. Pour sa part, le président de l'Unpef, Sadek Dziri, a estimé que l'appel à la grève avait enregistré une adhésion «massive» des enseignants, appelant la tutelle à organiser un dialogue «serein et sérieux» pour sortir de cette «impasse». Les syndicats de l'éducation ont décidé de reconduire le mouvement de grève dans les établissements scolaires (lycées, collèges et écoles) pour la 4e semaine consécutive. Ceci dit de la guerre des chiffres ne cesse de s'amplifier entre les deux partis en conflit. La tutelle contredit les taux de suivi de la grève des syndicats. La direction de l'éducation parle d'un «net recul» avec un taux de suivi qui avoisine les 11%. «L'adhésion au mot d'ordre de grève s'estompe de plus en plus», a déclaré le chargé de communication du ministère de l'Education nationale, Fayçal Haffaf. A cet égard, il a appelé les grévistes «à faire prévaloir le sens de la sagesse et de la raison pour l'intérêt de l'élève». Avec la poursuite de la grève, pour sa 4ème semaine, les parents d'élèves, notamment ceux des classes d'examen, se montrent de plus en plus inquiets quant aux répercussions de ce mouvement sur la scolarité des enfants et sur la préparation des examens de fin d'année, notamment ceux du BAC et du BEM. Certaines associations des parents d'élèves ont commencé à multiplier les contacts pour définir les démarches à entreprendre pour permettre à leurs enfants de rattraper les cours non assurés et donner le maximum de chances aux élèves pour être prêts pour le jour J. En raison de l'impossibilité de rattraper le retard accusé dans les cours, la tutelle a évoqué samedi dernier l'éventualité du report des examens de fin d'année. Une décision qui a été jugée par la partie adverse comme une fuite en avant du ministre face à ces engagements.