à aucun moment de son intervention, Hamrouche ne se positionne dans le débat houleux qui a secoué ces derniers jours le pays. Mouloud Hamrouche s'est prononcé ce lundi dans une brève déclaration qui a aussitôt été reprise par les sites de différents médias. Si, au vu du silence qu'il s'est imposé depuis longtemps, cette sortie fait plutôt partie de l'inattendu, cela n'empêche cependant pas qu'elle offre une nouvelle lecture. N'oublions pas qu'il s'agit d'un homme dont la compétence et l'intégrité n'ont jamais été mises en cause par aucune partie et en aucune manière. Si Hamrouche s'est décidé aujourd'hui à intervenir dans le débat politique actuel, ce n'est certainement pas pour nous rappeler que dans quelque temps aura lieu l'élection présidentielle la plus controversée depuis que l'Algérie est indépendante. Il n'est pas du genre à sortir de son mutisme pour donner l'heure. D'emblée, l'ancien Premier ministre de Chadli se place dans le post-avril et tout ce que cela comporte pour l'avenir du pays. Il note à ce propos que «pour que notre pays vive ces échéances dans la cohésion, la sérénité et la discipline légale et sociale, il est primordial que les différents intérêts de groupes, de régions et de minorités soient préservés et garantis». A la lecture, on ne manque pas de s'interroger de quels groupes, de quelles régions et de quelles minorités est-il question dans ces propos? Est-ce un message qu'a voulu lancer Hamrouche? Et à qui? S'il était candidat à la présidentielle d'avril, d'aucuns auraient tout de suite tiré la conclusion que l'ancien chef de gouvernement est en train de s'engager à oeuvrer, dans le cas de son élection, à préserver les intérêts qu'il a cités. Mais il n'est pas encore candidat. Et dans ce cas, quel sens donner à son intervention? Certains autres y verraient sans doute le signe d'un accord entre les parties en conflit là-haut sur sa personne, mais que cet accord demeure encore pendant à son engagement quant à la préservation de certains intérêts. C'est une voie qui ne serait pas totalement insensée car cela ferait renaître cette idée du candidat du consensus et Hamrouche lui-même y fait allusion lorsque, parlant de la sécurité du pays, de sa cohésion et de sa stabilité, il dit que «cela n'a été possible que grâce aux hommes qui ont su trouver des compromis et élaborer des consensus». Doit-on comprendre par là qu'il aurait accepté d'être le candidat du consensus et qu'il ne l'aurait fait que pour le bien du pays? C'est une lecture qui nous tente fortement car, à bien considérer, on a plutôt l'impression qu'il décline les grands axes d'un programme qu'il s'engage à réaliser: moderniser l'Etat, démocratiser le pays et poursuivre l'effort de réformer les institutions et les mécanismes, de réhabiliter l'Etat de droit et de veiller à la séparation entre les pouvoirs. Il le dit clairement lorsqu'il interroge: «Faut-il convoquer aujourd'hui, la promesse d'édifier un Etat moderne qui survit aux hommes, aux gouvernements et aux crises? Faut-il rappeler encore l'engagement pris de poursuivre le processus démocratique? Faut-il invoquer la promesse de continuer la réforme?» Et lorsqu'il insiste qu'«il ne peut y avoir d'exercice d'un pouvoir d'autorité ou de mission sans habilitation par la loi et sans un contrôle. Il y va de l'intérêt et de la sécurité de l'Algérie, de tous les Algériens et de toutes les régions du pays». C'est une lecture qui nous tente sérieusement d'autant plus que, à aucun moment de son intervention, Hamrouche ne se positionne dans le débat houleux qui a secoué ces derniers jours le pays. Il fait même mieux en donnant des garanties claires aux uns et aux autres lorsqu'il précise que «c'est à ces conditions, que notre Armée nationale populaire assurera sa mission plus aisément et efficacement et nos institutions constitutionnelles assumeront clairement leurs rôles et fonctions». Et en terminant par un «évitons de gâcher ces nouvelles opportunités ou d'avoir de nouvelles victimes», l'homme des réformes comme l'appellent certains a sans doute voulu lancer un autre message, adressé à ceux qui tergiverseraient ou qui ne sembleraient pas pressés de se décider, selon lequel échéance électorale est à deux pas et refuser d'opter pour le consensus serait faire perdre au pays une autre opportunité. L'option Hamrouche revient donc avec force cette semaine. Est-ce pour cela que, de l'aveu même de Saâdani, Bouteflika n'a pas encore retiré les formulaires de signature, ce qui ne renforce pas l'idée d'un 4e mandat, et est-ce que la «surprise» que Bouteflika ferait au peuple à l'occasion du 24 février aura quelque chose à avoir avec cela? On verra bien!