De grève en grève, le cycle de la contestation ne s'épuise pas Des mesures ont été engagées par la tutelle pour éviter toute précipitation et bachotage des enseignants dans l'exécution des programmes. Les enseignants font des émules mais dans le mauvais sens, puisqu'ils ont inspiré leurs élèves à faire l'école buissonnière. Mécontents, les élèves des classes terminales refusent de subir les conséquences de la grève de leurs enseignants qui a duré quatre semaines. Ces lycéens ont investi, depuis avant-hier, la rue pour exprimer leur refus d'être des victimes collatérales de cette grève. Après l'annonce de la fin de celle-ci, les enseignants essayent par tous les moyens de rattraper les cours perdus, quitte à sacrifier les week-ends, ainsi que les vacances du printemps (mars) des élèves. Une décision qui n'a pas enchanté les bacheliers. Bien au contraire, elle a suscité la colère de ces derniers. L'autre point qui a jeté de l'huile sur le feu, est le rythme infernal infligé aux lycéens par leurs éducateurs pour rattraper les cours perdus. Tous ces faits ont poussé les lycéens à travers tout le territoire national à déserter les salles de classe pour envahir la rue et exprimer leur mécontentement d'un éventuel report des compositions ou des vacances scolaires. Les contestations des élèves n'ont pas tardé à faire boule de neige. Elles ont atteint de nombreux établissements du cycle secondaire de la wilaya de Médéa. Des centaines de potaches des lycées «Bouziane, Zerrouak, Bencheneb», se sont rassemblés, à cet effet, devant le siège de la direction locale de l'éducation, avant d'entamer une marche «improvisée» à travers les principales artères du centre-ville de Médéa. «Nous devons être associés dans toute prise de décision allant dans ce sens, d'autant que la majorité des établissements au sein desquels nous sommes scolarisés n'ont pas été touchés par la récente grève», ont précisé les bacheliers. Ils ont également déclaré, refuser de subir les conséquences d'un mouvement de grève auquel ils n'ont pas pris part. Le centre d'Alger, également, n'a pas été épargné par cette vague de colère qui s'est abattue dans les établissements scolaires. Plusieurs centaines d'élèves du cycle secondaire, mécontents du rythme imposé pour le rattrapage des cours se sont rassemblés avant-hier devant l'annexe du ministère de l'Education nationale (Mohamed-Belouizdad). Les élèves protestataires ont rejeté le rythme intensif imposé pour les cours de rattrapage qui s'étaleront tout au long de la semaine à l'exception du vendredi. Ils ont soutenu qu'il n'est pas possible de rattraper les cours manqués en un temps record. «Nous n'avons pas fait de grève, mais voilà que nous en subissons les conséquences», se sont encore élevés les élèves, refusant de renoncer à leur première semaine de vacances du printemps. Ces élèves sont déterminés à mener leur mouvement jusqu'à ce que leurs doléances leur soient accordées. Même constat dans les autres établissements, à travers les wilayas du pays. C'est le cas dans la wilaya de Annaba, où les élèves de terminale observent des sit-in devant la direction de l'éducation, revendiquant, la révision du seuil du programme. Des centaines d'élèves se sont rassemblés devant la direction de l'Education nationale de Annaba pour exprimer leur amertume. Ils protestent contre tout report des vacances scolaires du printemps et exigent la récupération des cours perdus. Même constat dans plusieurs autres wilayas telles que Sétif, Batna, Mila, Tipaza et Oran, pour exprimer leur refus quant à la prolongation de l'année scolaire. Les protestataires ont également dénoncé avoir été contraints de suivre des cours le mardi soir et le samedi pour rattraper les leçons perdues, lors de la grève. De son côté, la responsable de la communication du ministère de l'Education Guesmia Dahbia a fait savoir qu'une délégation des protestataires a été reçue par les représentants du ministère, pour examiner leurs revendications. Le ministère de l'Education nationale avait installé récemment une commission pour examiner les «meilleures méthodes» pour le rattrapage des cours perdus, en raison du débrayage. Celle-ci aura à dégager les meilleures méthodes de rattrapage des cours, en tenant compte de l'état d'avancement des cours au niveau de chaque wilaya, voire chaque établissement, et faire en sorte que l'élève ne soit pas perturbé. Selon la même source, «une fois le travail de la commission achevé, une circulaire sera élaborée sur la base de ces recommandations et transmise à l'ensemble des directions de l'éducation pour application.» Le feuilleton interminable du secteur de l'éducation continue. Un problème réglé par-là, un autre ressurgit par-ci. Il est temps pour les pouvoirs publics de donner un coup de fouet à ce secteur, afin de lui permettre de pallier d'une manière définitive les problèmes accumulés depuis belle lurette. Baba Ahmed rassure Le ministère de l'Education nationale par le biais d'un communiqué de presse, a tenu à rassurer les élèves candidats aux examens de fin de cycle, quant au bon déroulement de l'année scolaire. «Il est tout à fait compréhensible que la grève observée par trois syndicats ait généré de l'angoisse chez les élèves», indique le même document. Le ministère de l'Education a procédé avec les inspecteurs pédagogiques à la première évaluation de la situation du secteur suite à la grève, qui «a permis de conclure à une situation tout à fait maîtrisable», cite la même source. Dans ce contexte, la tutelle a précisé que «nos élèves bénéficieront d'un climat de travail serein». «Ils ne seront nullement perturbés dans leur concentration et leur préparation à ces échéances de fin d'année», a-t-il ajouté. Evoquant la récupération des heures perdues, le ministère a indiqué qu'un plan sera discuté et arrêté en fonction des spécificités de chaque établissement touché par ces arrêts de travail. «Les délégués de classes et les représentants des parents d'élèves seront associés à cette concertation pour participer à l'élaboration de ce plan, au niveau de chaque classe», souligne la même source. En plus de rassurer les élèves quant au bon déroulement de l'année scolaire, la tutelle a également rassuré les élèves sur le maintien des dates des vacances et des examens de fin de cycle. Pour ce qui est des dates des compositions, celles-ci seront, selon toujours la même source, «laissées à l'appréciation de la concertation au niveau de chaque établissement». Pour éviter toute précipitation et bachotage des enseignants dans l'exécution des programmes, des mesures ont été entreprises par le ministère. Il a, également fait savoir que les sujets d'examens ne porteront que sur les leçons dispensées et qu'une période de révision leur sera accordée.