Le président ukrainien destitué, Viktor Ianoukovitch, se trouve au centre de la controverse après les événement dramatiques qui ont marqué l'Ukraine ces dernières semaines. Hier, le parlement ukrainien a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à poursuivre le président déchu pour les violences qui ont marqué l'Ukraine et notamment la capitale Kiev, au moment ou le chef de la diplomatie russe s'élevait contre la présidentielle anticipée prévue le 25 mai prochain dans ce pays. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est ainsi prononcé hier contre la tenue d'une élection présidentielle anticipée le 25 mai en Ukraine, estimant que cela allait à l'encontre de l'accord de sortie de crise signé à Kiev la semaine dernière. Le chef de la diplomatie russe a souligné que cet accord, signé vendredi dernier par le président Viktor Ianoukovitch et les dirigeants de l'opposition en présence de médiateurs européens - et que la Russie n'a pas signé - prévoyait que l'élection présidentielle ne pouvait avoir lieu qu'après l'adoption d'une réforme constitutionnelle, prévue d'ici à septembre. De fait, la tenue d'une élection le 25 mai «est déjà un renoncement à l'accord» de sortie de crise, a estimé M.Lavrov, lors d'une conférence de presse. «Il est très important, quoi qu'il se passe, de s'en tenir aux principes de l'accord», a-t-il insisté. La Russie a déjà appelé à plusieurs reprises le nouveau pouvoir ukrainien à respecter cet accord qui prévoit des concessions majeures à l'opposition, dont une élection présidentielle anticipée, la formation d'un gouvernement de coalition et une réforme constitutionnelle. Le président ukrainien, introuvable depuis samedi, a été destitué et un chef de l'Etat par intérim, Olexandre Tourtchinov, a été nommé en remplacement par le Parlement. Ce dernier, poursuivant hier son offensive a appelé la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye à poursuivre le président déchu Viktor Ianoukovitch, après le bain de sang à Kiev qui a fait au moins 82 morts la semaine dernière. «Nous appelons la CPI à établir les coupables de ce crime contre l'humanité (...) et à lancer des poursuites contre Viktor Ianoukovitch et d'autres hauts responsables qui donnaient et exécutaient des ordres criminels», selon une résolution approuvée à une très large majorité au Parlement. «Ces trois derniers mois les forces de l'Ordre utilisaient la force, des moyens spéciaux et des armes contre les manifestants pacifiques sur ordre de hauts responsables à Kiev et dans d'autres villes d'Ukraine», selon ce texte. «Plus de 100 citoyens ukrainiens et d'autres pays ont été tués, plus de 2 000 blessés dont 500 sont dans un état grave», a précisé la résolution, faisant le bilan de l'ensemble des violences dans le pays depuis trois mois. Le bilan du ministère de la Santé a fait état de 82 morts à Kiev en trois jours la semaine dernière. L'Ukraine est le théâtre d'une contestation sans précédent depuis le revirement pro-russe fin novembre du pouvoir au détriment d'un rapprochement avec l'Europe qui s'est transformée en un rejet du régime du président ukrainien. Le Parlement dénonce également «les tortures» contre les manifestants dont certains ont été «interpellés et mis à nu par -15°C ou l'utilisation de canons à eau contre les manifestants par -10°. Les trois mois de la contestation ont été ́ ́marqués par des enlèvements de militants, leur transfert dans des endroits déserts pour tortures et meurtres, arrestations infondées d'un grand nombre de manifestants, leur passage à tabac et la destruction de leurs biens», soulignent les députés. «Le pouvoir a fait un usage sans précédent de groupes criminels organisés» contre les manifestants, selon le texte.