L'intervention du numéro 1 d'El Qaîda vise à saborder le processus de remise du pouvoir aux Irakiens, fin juin. Alors que sa propre tête est mise à prix, pour 25 millions de dollars, par les Etats-Unis, depuis les attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden, chef de l'organisation terroriste El Qaîda a établi, dans un message qui lui est attribué, jeudi, sur le site-web : www.alsaha.fares. net, une liste des responsables impliqués dans la guerre en Irak, à abattre. S'inspirant du mode de rémunération ancestral, Oussama Ben Laden a décidé d'offrir, pour le meurtre de l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan et de l'envoyé spécial de ce dernier dans la région, le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, 10 kg d'or, soit un montant de 103.000 euros. En ce qui concerne les responsables de rang inférieur, l'homme le plus recherché du monde propose en outre, un kilo d'or pour celui qui tuera, à titre d'exemple, tout ressortissant civil ou militaire des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU notamment Américains et Britanniques. Au bas de l'échelle, figurent, en définitive, les ressortissants des autres pays disposant de troupes en Irak pour lesquels une quantité de 500 g d'or sera attribuée. L'Italie et le Japon sont visés dans cette catégorie. L'intervention du numéro 1 d'El Qaîda dans la question irakienne, si l'on tient compte de ses propos, s'apparente à une tentative qui vise notamment à saborder le processus de remise du pouvoir aux Irakiens fin juin : «Il incombe aux Irakiens de lancer le djihad, non seulement contre les croisés, mais aussi contre le (futur) gouvernement des renégats (Irakiens) et ceux qui les aident», explique l'auteur du texte qui considère comme «tromperie» le prétendu transfert de souveraineté aux Irakiens «destiné, d'après lui, à faire avorter la résistance armée». Comme à son habitude, Oussama Ben Laden a mis en avant le prétexte religieux, notamment le djihad, pour mobiliser le maximum de personnes autour de ses mots d'ordre. De fait, il jette l'anathème sur l'administrateur américain, coupable selon lui de «ne pas accepter l'Islam comme unique source de législation». Jugeant le président Bush comme un «faux prophète», Ben Laden accuse ce dernier de mener une croisade contre l'Islam : «L'Irak comme la première ligne de front dans la lutte contre le terrorisme, il (Bush) veut dire que la première ligne contre l'Islam se trouve maintenant en Irak» note-t-il. Traqué, sans relâche, par les Américains, le chef de l'organisation terroriste, prouve, si l'authenticité du document venait à être confirmée, qu'il est toujours en vie. L'ONU a été la première instance à réagir aux menaces adressées à son secrétaire général par le chef islamiste. Hier, son porte-parole à Genève M.Marie Heuzé a confirmé le sérieux de ces menaces. Pour ce faire, il a annoncé, sans autre précision, le renforcement, en collaboration avec les autorités américaines, de la sécurité de Kofi Annan à New York. Des mesures similaires seront en outre prises autour du palais des Nations unis à Genève où, faut-il rappeler, la présence des islamistes n'est pas sans importance. Ainsi, à la lumière de cette sortie pour le moins inattendue et vu les menaces proférées par le premier responsable de l'organisation terroriste aux principaux protagonistes de la crise irakienne, l'on constate qu'il s'agit d'une première dans les annales douloureuses de la guerre en Irak. Justement, c'est la première fois que le chef terroriste intervient de façon aussi claire dans cette affaire. Une occasion «en or» pour le Président américain lequel n'en demandait pas plus. La montée au créneau de Ben Laden et l'immixtion de ce dernier dans les affaires de l'Irak constituent une bouée de sauvetage pour George W.Bush, en campagne électorale, pour justifier sa politique de terreur en Mésopotamie.