Le collectif interpelle le Premier ministre et lui fait part de son désarroi. Entre inquiétude et détresse, les souscripteurs du programme de logement promotionnel public (LPP) avancent dans le noir. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ont relevé plusieurs anomalies concernant ce programme, à savoir le mode de paiement, la typologie du logement attribué, mais également les critères d'attribution. Et bien d'autres dysfonctionnements. Pour revendiquer leur simple droit d'être «informé», un collectif est né, c'est «le collectif des souscripteurs logement promotionnel public» qui regroupe 8500 membres. Le collectif interpelle le Premier ministre Abdelmalek Sellal, en lui écrivant une lettre, pour lui faire part de son désarroi quant à cette formule. Dans cette lettre dont on détient une copie, le collectif énumère les nombreuses anomalies de ce programme. Il commence par rappeler une déclaration faite par Abdelmalek Sellal le 25 janvier à Skikda: «Le train du développement de notre pays a bien démarré, prend de la vitesse et par la volonté de Dieu aucun ne pourra l'arrêter. Nous nous engageons à ne laisser aucun Algérien en bord de route...», le collectif rétorque: «Hélas, Monsieur le Premier ministre, nous ne trouvons toujours pas de place dans ce train, malgré que nous ayons oeuvré et participé à sa mise sur rails.» Les souscripteurs affirment avoir été enthousiastes lors du lancement de ce programme. Les souscripteurs du LPP pointent du doigt le mode de paiement et jugent le prix de ce logement élevé, alors qu'au départ les prix étaient alléchants. Le collectif demande à ce que le prix du mètre carré fixé à 80.000 DA soit revu à la baisse. Quant au financement du logement, le collectif propose deux options: «L'octroi d'un crédit bancaire sans intérêts au profit des bénéficiaires de logement LPP, ou le règlement du prix par mensualités, pour le compte de l'Enpi, sans intermédiation bancaire.» Concernant le crédit bancaire, la représentante du collectif qui s'est déplacée à notre rédaction, nous a fait savoir: «Au début, il n'a jamais été question que le client intervienne auprès de la banque pour le crédit, et récemment on entend par le biais de la Radio nationale, que tous les papiers nécessaires nous seront remis, pour aller à la banque afin de l'obtenir.» En outre, le point que les souscripteurs redoutent est l'ancrage juridique du programme LPP. La représentante indique: «Normalement, selon la loi 11-04 concernant la promotion immobilière, lorsqu'un souscripteur reçoit l'ordre de versement et qu'il effectue le premier versement, le promoteur doit lui remettre un contrat de réservation qui établit l'affectation du logement, sa typologie, sa superficie et ses caractéristiques ainsi qu'un cahier des charges» et les souscripteurs doutent que l'Enpi puisse remplir cette exigence, en ajoutant: «Lorsque nous allons payer la première tranche, qu'allons-nous recevoir? un reçu de versement qui n'a aucune valeur auprès du fond de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière.» Le collectif a émis deux demandes d'audience au P-DG de l'Enpi, pour avoir des informations, mais en vain, car aucune suite n'a été donnée. Le même collectif relève les discours contradictoires des responsables du ministère de l'Habitat. La représentante souligne que «ces déclarations nous terrifient» et juge que «si les déclarations sont contradictoires, c'est qu'il y a un problème». A titre d'exemple la déclaration de Amar Guelati P-DG de l'Enpi sur la Radio nationale récemment où il a indiqué que «les logements LPP ne sont pas de haut standing» alors qu'au début «le haut standing était l'argument avancé pour justifier le prix de 80 000 DA le m2». Pour sa part, Amar Guelati, le P-DG de l'Enpi, a affirmé, avant-hier que «le programme LPP se déroule bien, les gens sont contents». Il a expliqué également que les affectations de logement se feront selon «l'ordre chronologique du dépôt de dossier». La représentante a souligné: «Ils sont en train de nous brouiller.» «On a clochardisé les cadres de l'Etat» a-t-elle ajouté. Selon elle, les souscripteurs du LPP sont des cadres et ils occupent des postes de responsabilité, avec des primes pour cela, mais ils risquent toutefois d'être éjectés à tout moment. Face à cette cacophonie et le manque flagrant de communication, les souscripteurs redoutent la reproduction du scénario «Aadl». Selon la représentante du collectif, les souscripteurs qui se sont déplacés auparavant, au siège de l'Enpi à Bab Ezzouar, ont été malmenés par les agents de sécurité et n'ont pu avoir la moindre information. Il est à noter que des centaines de souscripteurs ont observé un rassemblement devant le siège de l'Enpi avant-hier.