«Toutes les révolutions ont été entachées d'erreurs» Zohra Drif a présenté son nouveau livre et parle d'histoire «toutes les révolutions ont eu des erreurs, pourquoi voulez-vous que les Algériens soient des anges». L'héroïne de la bataille d'Alger était hier dans la ville de Tizi Ouzou invité d'honneur du lancement des festivités de la Journée mondiale de la femme. C'était aussi l'occasion pour elle d'organiser une vente-dédicace de son livre Mémoire d'une combattante du FLN. Après une visite, la matinée, à Ighil Imoula lieu chargé de symbolique abritant la maison où a été rédigée la déclaration du 1er Novembre, la moudjahida est revenue dans la ville de Tizi Ouzou. Au niveau de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, une grande foule l'attendait pour un accueil des plus chaleureux. Ce que d'ailleurs reconnaîtra la conférencière. A cet effet, Zohra Drif dira que même originaire de Tissemssilt, sa première amie et camarade de classe à l'école communale était une Kabyle. Elle s'appelait Roza Aït Mesbah. Un autre Kabyle a été évoqué par la conférencière de qui, reconnaissait-elle, avait appris ce qu'était l'Algérie, c'était le président et créateur des scouts musulmans de Tissemssilt, Arezki Aït Hamadache. Zohra Drif s'étalera devant un public nombreux sur la chronique de la bataille d'Alger. La conférence était également pour la conférencière, une occasion pour mettre certains points sur les i. Pour elle, il n'a jamais été dans les objectifs du FLN de battre la France militairement. Pour ceux qui ont décidé de déclencher la guerre devant la 4e puissance militaire mondiale, l'objectif par l'utilisation des armes aussi rudimentaires, était de l'amener à discuter politiquement et de reconnaître l'indépendance de l'Algérie. Cinquante années après l'Indépendance, l'héroïne de la bataille d'Alger regrette que les Algériens jugent mal que la révolution soit entachée d'erreurs. Toutes les révolutions ont été entachées d'erreurs et il n'y a pas de quoi être choqué que la Révolution algérienne le soit. «On savait qu'en allant à la guerre, il y aurait des erreurs. Nous les assumons. Toutes les révolutions ont eu des erreurs, pourquoi voulez-vous que les Algériens soient des anges?» s'indignait-elle devant ce discours qui vise, selon elle, à diminuer de la hauteur de cette lutte pour l'Indépendance. Au sujet des erreurs justement, la conférencière, en évoquant La Bataille d'Alger a énuméré des erreurs d'appréciation qui ont conduit à l'arrestation de certains et la mort d'autres. Pour elle, la cache qui leur servait de refuge ne devait être connue d'aucune autre personne hormis ceux qui étaient au courant. Et c'est la décision d'accepter qu'un certain Kamel s'y cache, durant une nuit, à cause d'une fouille des paras, était une erreur. Une autre erreur d'appréciation allait être commise, selon la conférencière, lorsqu'on avait rédigé à la main la lettre qui allait être envoyée en Tunisie. Enfin, leur arrestation était due au fait qu'ils n'aient pas fuit la cache suite à la décision de leur chef d'y rester, étant malade, avec une fièvre et une température de 40°.