Le spectacle était rare. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, hier, devant la Grande-Poste dans le centre-ville d'Alger. Il ne s'agissait pas d'une victoire d'un match de football mais bel et bien d'un rassemblement politique au centre de la capitale pourtant interdit aux manifestants depuis la fameuse marche des arouch de Kabylie, le 14 juin 2001. Mais Nekkaz, un candidat malheureux à la candidature, créé la surprise hier en prenant de court les services de sécurité qui, apparemment, ne s'attendaient pas à une pareille mobilisation spontanée en cette journée radieuse du 8 mars. Ou alors les policiers habituellement agressifs envers les manifestants ont-ils reçu des instructions selon lesquelles il fallait lâcher du lest. Déjà que les organisations internationales ont suffisamment focalisé sur ce qu'elles qualifiaient de «brutalités» policières envers les manifestants pacifiques en Algérie. Hier, la police s'est tenue à l'écart laissant le candidat malheureux se venger du sort. Les manifestants «spontanés» ont répondu à l'appel de Rachid Nekkaz. Ils ont scandé des slogans hostiles au 4e mandat, et repris à leur compte le vieux slogan des arouch: «Ulach smah Ulach» qui signifie «pas d'impunité» et non pas: «pas de pardon» comme il a été injustement souvent traduit. Si certains curieux se moquaient de Nekkaz alors qu'il s'adressait à la foule, il faut reconnaître que l'orateur qui a perdu ses formulaires à Oued El Allegue a retrouvé ses repères à la Grande-Poste. Par une hsitoire des plus rocambolesques, Rachid Nekkaz n'a pas pu déposer son dossier au Conseil constitutionnel comme prévu au soir du 4 mars dernier. Alors qu'il devait déposer ses formulaires, comme il l'avait annoncé, à 21h. Son tour venu, le candidat n'a pas pu présenter les signatures collectées. Comme par miracle, elles avaient tout simplement disparu. La voiture qui les transportait n'est jamais arrivée sur les lieux. L'ex-candidat dit avoir perdu contact avec le véhicule où se trouvait un chauffeur et son frère. Interrogé, Rachid Nekkaz est lui-même éberlué par la situation. C'est à n'y rien comprendre, dit-il aux médias sur place. A minuit, expire le délai pour déposer le dossier. Compte tenu de la situation, le Conseil constitutionnel accorde une heure de plus au candidat pour qu'il retrouve le véhicule disparu. Le délai s'écoule. Les 60 000 signatures prévues ne sont pas présentées. Rachid Nekkaz ne peut se présenter en tant que candidat. C'est avant-hier, que les médias ont rapporté que des citoyens ont retrouvé des formulaires du candidat, près d'un champ d'orangers à Blida