Des rebelles autonomistes continuaient dimanche à charger du brut sur un pétrolier battant pavillon nord-coréen dans l'est de la Libye, ignorant les menaces des autorités qui dénoncent un "acte de piraterie", selon la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Ces hommes armés, qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières libyennes, se sont rebellés contre les autorités de transition, bloquant les terminaux et réclamant une autonomie de la région orientale au sein d'un système fédéral et une meilleure répartition des revenus pétroliers. Agissant hors du cadre de l'Etat, ils ont entamé samedi l'opération de chargement de leur première cargaison de brut au port d'Al-Sedra, où le pétrolier battant pavillon nord-coréen "Morning Glory" a amarré samedi matin. "Le navire est toujours dans le port. Le processus de chargement est en cours", a déclaré le porte-parole de la NOC Mohamed al-Hrairi. Le chargement du pétrole devrait durer jusqu'à la fin de journée, le navire ayant une capacité de 300.000 à 350.000 barils, a-t-il précisé. M. Hrairi a dit n'être pas en mesure de donner des détails sur le plan envisagé par les autorités pour empêcher le navire de partir avec sa cargaison. "C'est la mission du ministère de la Défense et de l'armée". Les autorités libyennes avaient menacé samedi de bombarder le navire avant qu'il n'entre dans les eaux internationales. "Le procureur général a donné l'ordre d'arrêter le navire", avait dit samedi le Premier ministre Ali Zeidan, menaçant de bombarder le navire s'il n'obtempère pas". Mais dimanche, le ministère de la Défense a ordonné au chef d'état-major, à la marine et aux forces de l'armée de l'air de "traiter avec ce pétrolier qui est entré dans les eaux libyennes sans accord préalable des autorités libyennes légitimes", selon l'agence officielle Lana. Selon des sources militaires, l'objectif est d'intercepter le navire avant qu'il ne quitte les eaux libyennes. Le gouvernement autoproclamé de la Cyrénaïque dans l'est libyen, bras politique de la rébellion, en annonçant samedi, lors d'une cérémonie le début des exportations de brut depuis Al-Sedra, a engagé un nouveau bras de fer avec le gouvernement. Depuis juillet 2013, ces autonomistes bloquent des sites pétroliers dans l'est dont al-Sedra, suspendant les exportations de brut et privant ainsi le pays de sa principale source de revenus. Ce blocage a provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant. Depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011 après une rébellion de huit mois, la Libye est confrontée à une forte instabilité politique, des tendances séparatistes et à des violences incontrôlées dans un contexte de prolifération des armes, qui empêchent tout essor économique.