Elles s'appellent Celia Hachemi, Yasmine Bouruila, Belkis Sergoua et elles exposent leurs premières oeuvres qui respirent la fraîcheur et le mouvement et ce, jusqu'à aujourd'hui à Krim Belkacem. Quand le mouvement est là, tout va. Et si la nature a horreur du vide, il est sûr et certain que la jeunesse aime bouger à en mourir. Dynamique, son imagination en ébullition elle explore les confins infinis de l'art et expérimente l'ancien et le nouveau, avant de trouver enfin ses marques.. Elles sont trois jeunes beauzaristes. Elles sont en troisième année et viennent d'exposer leur oeuvres à Alger. Sans doute leur première manifestation du genre, née suite à une résidence de deux mois, encadrée par l'artiste Karim Sergoua. Un programme artistique financé par une boîte algérienne qui a mis le paquet, les moyens et autres matériels nécessaires pour aider ces jeunes talents et artistes en herbe. «On venait après les cours, vers 17h, y compris les week-end complet. Et on travaillait. Et comme c'est situé pas loin du box 24, les amis venaient chaque soir. Cela se faisait dans la bonne ambiance. Je suis très confiant dans le résultat et j'espère qu'elles vont avancer. Pour ma fille c'est un peu difficile, car elle doit se démarquer un peu de l'empreinte des parents qui sont aussi artistes, mais je pense qu'elle a compris. Elle a une grande force de caractère...» nous avouera en aparté Karim Serouga qui n'est autre que le père de Belkis, une des trois exposantes. Cette dernière qui travaille sur le flou a une prédilection pour les portraits, et ce en peinture ou en dessin. Exit les expressions figées sans âme. Ce qui intéresse notre jeune demoiselle est la dynamique du visage et de la tête, y compris des cheveux. Cela est discernable d'ailleurs, dans un autoportrait où l'on distingue une tête baisée dévoilant une chevelure épaisse et une main au vent. Les autres visages sont en constante mobilité. «Un portrait bien cadré, je trouve ça faux» nous dit-elle. Yasmine Bouruila pour sa part, cultive aussi la danse à ses heures perdues. Elle est de formation moderne jazz. On retrouve les mouvements du corps, les postures de danse dans ces images arrêtées en noir et blanc et en couleur, qu'elle a pris le soin de coucher sur du papier. En tout, ce sont 17 oeuvres qu'elle expose entre dessins, croquis et peinture. Le portrait est aussi son dada. Ses peintures aussi fragiles qu'elle, en apparence, redoublent de finesse et de poésie dans le geste, un peu à la manière gracieuse des élans de la danseuse qu'elle est. Ses portraits sont peints dans des tons chromatiques originaux. Expliquant sa démarche Yasmine indique que ce qui l'«intéresse dans la peinture c'est le réalisme, mais avec une part de fantaisie. Les couleurs du visage ne sont pas courant, ni les mêmes proportions. Je joue avec les couleurs, et les formes..». Enfin la jeune Célia Hachemi s'essaye quand à elle à tout, mais c'est la sculpture qui la remue et la touche en premier lieu, comme elle nous l'a confié. Son oeuvre est partagée entre sculpture et pastel. Ces créatures imaginées représentent des femmes vraisemblablement enceintes ou avec des formes généreuses, mais avec des visages inclinés sans aucun trait d'expression. «Elles sont inconnues.» tient- elle à préciser ou rappeler. Des formes bizarroïdes, ovoïdes, en tout cas qui ne laissent pas indifférents. L'on ressent un certaine inspiration des totems africains dans son travail bien que ce ne soit pas une science exacte. «C'est une inspiration, je ne prévois rien. Je prends un crayon et ça sort. A côté, oui, C'est mon visage mais peint par Yasmine...», nous révèle-t-elle. On retrouve en face ces mêmes figures humaines dans ses sculptures, posées sur une table, lesquelles ont été réalisés, suppose-t-on en terre cuite peintes en blanc, mais aussi dans ses petites créations en fer. Le maître mot nous avait confié juste avant Karim Serouga était justement que ces jeunes prodiges s'essayent à toutes les disciplines et ne pas se cantonner à un seul domaine d'art plastique. Pari réussi. C'est frais, aérien et bien disposé! Une exposition qui témoigne bien de la liberté d'esprit de cette nouvelle génération qui cherche à tout prix à s'exprimer en libérant son énergie et sa sensibilité de la plus belle façon qu'il soit...