Le dernier rassemblement du mouvement Barakat à Alger La tâche des partisans du boycott ne sera pas facile pour plusieurs raisons. La mobilisation est, pour eux, un défi et une réponse aux affirmations du pouvoir. Après avoir arraché l'autorisation de tenir un meeting à la salle Harcha-Hacène d'Alger, la coordination des partis et des personnalités politiques pour le boycott de l'élection présidentielle du 17 avril prochain se trouve désormais face au défi de la mobilisation. Vont-ils faire une démonstration de force ou plutôt peineront-ils à remplir cette salle qui contient plusieurs milliers de places? La tâche ne sera pas facile pour plusieurs raisons, dont la première est que les rassemblements organisés depuis quelques années par les partis de l'opposition n'ont pas drainé les foules des grands jours. L'autre raison de la difficulté de la mission ne réside pas dans le fait que les citoyens sont contre le boycott de l'élection. Elle réside plutôt dans le fait que les citoyens qui s'opposent d'une manière spontanée aux consultations électorales (les taux de participations aux consultations électorales ne dépassent que rarement les 50%) et aux choix du pouvoir, ne répondent plus aux appels des partis politiques. A cela, il faut ajouter que la «masse mobilisable» à Alger, les étudiants en l'occurrence, seront en congé de printemps à partir d'aujourd'hui. Pourtant, le RCD, le MSP, Ennahda, le FJD, Jil Jadid qui font partie de cette organisation auront à démontrer et à démentir les affirmations des hommes politiques du pouvoir qui, à chaque fois, pour stigmatiser l'opposition, font sortir l'argument de son incapacité de mobilisation. Un véritable défi. Surtout lorsque ce meeting intervient au lendemain de l'empêchement d'un rassemblement des dirigeants de ces partis et de quelques personnalités qui devait se tenir au Monument du martyr. Mais cette autorisation confirme d'abord une chose: le pouvoir, gagné par la panique, a enfin cédé un peu de son diktat devant quelques exigences de l'opposition. Après avoir toléré le dernier rassemblement du mouvement Barakat contre le 4e mandat de Bouteflika, il a accordé l'autorisation aux partisans de boycott d'animer leur campagne. Les responsables qui affirment qu'ils respectent la démocratie, appelant les opposants à manifester pacifiquement et dans un cadre légal, sont de ce fait mis devant le fait accompli. Peuvent-ils en effet dire des choses et faire le contraire éternellement? Peuvent-ils continuer à dire que le peuple nous amène à réprimer systématiquement toute manifestation de caractère politique? Cependant des questions restent à poser sur ce «comportement» au moment où un meeting de la même coordination n'a pas été autorisé, selon les sources du quotidien El Watan dans son édition d'hier, à Annaba. Ainsi, le pouvoir qui semble avoir lâché du lest n'a pas cédé sur tout, au risque de compromettre ses choix dangereux pour la stabilité du pays. Les pressions sur les militants et les restrictions sur la liberté d'expression se poursuivent. L'arrestation du membre du mouvement Barakat, Abane Meziane, dans une chambre d'hôtel à minuit et la fermeture de la chaîne Atlas TV en sont les preuves les plus édifiantes. Loin de pouvoir convaincre sur ses intentions, il se trouve dans l'oeil du cyclone. Des manifestations sont organisées un peu partout pour dénoncer ses pratiques. Entre les opposants au 4e mandat, les partisans du boycott et ceux qui appellent à l'arrêt du processus électoral, un autre courant plaide pour une période de transition. Toutes ses options ont été balayées d'un revers de la main par les revenants, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, lors de leurs dernières prestations sur les plateaux des chaînes de télévision privées.