Adel pose son téléphone. Il s'écrie: «Tu t'imagines, vent de sable et sirocco sur Batna». Le téléphone sonne de nouveau. Adel encore: «C'est notre collègue Naïma. Elle est à Alger, coincée à l'arrêt du bus. Il pleut des hallebardes et le vent souffle très fort. Elle a peur pour sa mise en plis». Quatre saisons dans la même journée, au même moment et dans le même pays. Il n'y a qu'en Algérie que nous pouvons voir cela. Avant-hier, mais durant toute la journée d'hier il n'a pas cessé de pleuvoir et de venter sur la capitale, mais d'après les services de la météo, c'est le même topo un peu sur l'ensemble du territpoire national. Un temps nuageux est annoncé au Centre, à l'Ouest et à l'Est, avec des pluies assez marquées localement, s'accentuant au courant de la nuit. Les vents sont modérés à assez fort sur presque l'ensemble du territoire avec soulèvement de sable au sud. Mais où commence le Sud: A Batna, El Kantara, Laghouat, Bousaâda, Saïda, Naâma? Le sirocco lui n'a cure de ces distinctions géographiques. Quand il embouche ses trompettes, il ne connaît pas de frontières. Aujourd'hui il est à Batna, mais en quelques heures seulement, il parcourt des milliers de kilomètres, traverse la Méditerranée et le voilà aux portes de Marseille, déposant sa fine couche de poussière dorée sur la Cannebière. Pour le dieu Eole, Alger est à peine à un jet de pierre de Touggourt ou de In Salah. Donc ne vous étonnez pas, si juste après les orages de ces derniers jours, arrive sur nous un gros nuage de sable qui déverse chaleur et sueur. Du reste, que reste-t-il des températures caniculaires du mois d'août 2003 qui frôlaient allègrement les 48 degrés à l'ombre et qui avaient apporté dans leurs courants d'air chauds, des maladies contagieuses: conjonctivite et peste bubonique? Depuis deux ans, l'horloge du climat est détraquée, il pleut en abondance et tout ce qui a pu être écrit sur la fameuse couche d'ozone et le réchauffement de la planète, s'est avéré faux jusqu'à preuve du contraire. On ne peut en tirer qu'une seule conclusion: la météorologie n'est pas une science exacte. Les climatologues le reconnaissent eux-mêmes: ils n'ont pas assez de données ni assez de recul sur plusieurs siècles pour pouvoir établir des prévisions sûres et solides. A l'échelle géologique, ce qui est en train de se passer sous nos yeux est nettement insignifiant et l'oeil humain, malgré tous les appareillages modernes dont il dispose en ce début du troisième millénaire, reste impuissant à maîtriser tous les paramètres du climat et les caprices de la météo.