«La géographie intérieure» recomposée Organisée par le Musée d'art moderne et contemporain d'Alger, cette exposition est ouverte jusqu'au 30 avril, soit de 10h à 18h h, sauf le vendredi... Après 2009 et 2010, les deux premières éditions de cette manifestation dédiées aux amateurs et professionnels de la photographie, «Regards Reconstruits» est enfin reconduite cette année. Tois ans après, sans connaître les véritables raisons de ce retard n'était un problème de disponibilité d'espace d'exposition, l'évènement a enfin eu lieu, mais cette fois à la galerie Isma de Riadh EL Feth et non pas au Mama. La thématique choisie est la macrophotographie ou l'art de photographier des sujets de petite taille ou infiniment petits en les agrandissant. Une technique qui n'est plus à présenter pour peu qu'on possède un bon appareil photographique numérique qui sache faire des miracles et un bon oeil aiguisé. C'est le cas dans le cadre de cette expo qui rassemble pas moins d'une dizaine d'artistes locaux et un invité étranger. Quoi découvrir dans cette expo? Une fleur, un insecte, un bout de trottoir, une goutte d'eau ou de rosée, une poussière d'étoile, une pétale de rose, une feuille, un escargot, l'aile d'une libellule... etc. Cette dernière est immortalisée par Mohamed Chérif Abada. Yassine Belahcen pour sa part a choisi de mettre la lumière sur l'instant fugace où la fleur vogue au vent pour étaler sa beauté somme toute poétique et simple à la fois. La lumière du printemps est bien là, travaillée pour donner de l'éclat à cette légèreté éphémère. Nabil Chattouh a choisi de prendre son temps pour pénétrer le royaume des insectes et suivre leur cheminement telle une abeille ou un papillon qui se pose sur une fleur. Et de voler ainsi ce moment de grâce infiniment petit. Plus pointu et acéré, est le regard sensible de Abou Firaz Zaghez pour qui toute photo a un message à transmettre. Mettant en scène également une abeille, celle-ci est encore mise en avant. L'artiste a choisi de montrer son incroyable tête comme tirée presque d'un film de David Cronenberg... La libellule y est aussi présente dans son travail. Abdelhamid Aouragh, photographe de presse avant tout, s'essaye ici à un exercice complètement à part où la forme et la couleur ne font qu'un. On y voit quoi? Une petite orolle de fleur qui voyage dans le vent, l'arrière-fond étant entièrement teinté, tantôt en bleu, tantôt en rouge contrasté.. Enfin Hind Oufriha, journaliste culturelle à L'Expression, signe dans cette galerie sa première exposition. Un travail remarquable qui se distingue des autres et qui lui a valu de nombreux compliments. On y découvre deux styles de travaux différents. Dans un premier temps, Hind a photographié de l'eau qui coule dans un évier. L'eau qui tombe forme des petites cellules éparses qui étonnent. D'aucuns y voient aussi une sorte de bijoux traditionnels comme l'on trouve dans les Aurès. Dans un deuxième temps, Hind a choisi de capturer en images des petites parcelles de peinture qui s'écaille. Photos prises au niveau des balustrades du Théâtre régional de Béjaïa. L'agrandissement de ces petites taches donne vie à d'étranges figures humaines ou animalières ou autre. «Mon travail somme toute modeste dans sa démarche technique vu la qualité de mon appareil photo comparé à celui des autres est basé beaucoup plus sur le degré d'interprétation du regard de l'Autre, sa perception de ce qui l'entoure en faisant appel à son imagination. C'est ludique et en perpétuel changement. Voilà pourquoi je pense que mon travail diffère effectivement un peu des autres, d'ailleurs, sans vouloir me vanter, on m'a dit que j'ai sauvé l'expo tant le reste c'est du déjà-vu. Je respecte cet avis bien que j'aime ce qu'auraient fait certains des photographes ici...», nous a confié cette jeune femme qui avoue être actuellement sur un nouveau projet artistique. Les titres de ses photos en noir et blanc, «Princesse au pied en feu», «Le monstre au coeur en or» ou «La géographie intérieure recomposée» à l'apparence naïve, cachent un univers mirifique, assez particulier à connaître vraiment. Enfin l'expo est rehaussée de la présence de quelques photos de l'artiste Biliana Rakocevic, une jeune artiste née au Liban, mais dont la vie est partagée entre l'Afrique, l'Europe puis la découverte du Vietnam. Son travail allie vraiment la technique à l'esthétique. Ses gouttes d'eau sont empreintes d'un hors champ qui surprend le regard et pousse à l'émerveillement. Une sorte de sublimation de l'instantané qui n'en finit pas de couleur dans le temps. Cette exposition est ouverte à la galerie Isma de Riad El Feth jusqu'au 30 avril de 10 h à 18h, sauf le vendredi.