Les candidats passent au «vert» C'est qu'à l'ère du phénomène de réchauffement climatique, l'Algérie est à l'écoute de ce qui se fait ailleurs et où l'environnement est devenu un enjeu électoral de taille. L'Algérien devient de plus en plus soucieux de son environnement. Bien que sporadiques, ses élans en faveur d'un meilleur espace de vie sont pourtant là. L'enfouissement des ordures ménagères, l'assainissement des eaux des lacs et rivières, souvent polluées par les déjections des usines limitrophes, le concernent désormais. A Réghaïa, à Alger, la population s'érige contre le transfert du centre d'enfouissement de Ouled-Fayet, lequel semble incommoder les habitants de cette région ouest algéroise. Autant dire que la problématique de la sauvegarde de mère nature est de plus en plus à l'ordre du jour et inscrite sur les agendas des pouvoirs publics. Le gouvernement algérien, dans ses efforts oeuvrant à assainir les points les plus souillés du territoire a eu recours à des nations comme le Japon. Les experts nippons ont été, du temps de l'ex-ministre de l'Environnement Chérif Rahmani, appelés à purifier Oued El Harrach, un oued qui charrie toutes les impuretés dégagées par les industries de la Mitidja, de la zone d ́El Hamiz et celle de Oued Smar auxquelles s ́ajoutent les eaux des agglomérations. Les représentants du ministère et ceux de la délégation de l ́Agence japonaise de coopération technique (Jica) ont signé un procès-verbal sanctionnant une série de documents relatifs à la protection de l ́environnement, fruit d ́une étude préalable effectuée par les deux parties. L ́Observatoire national de l ́environnement et du développement durable (Onedd), institution récente, étant directement engagée pour le suivi des projets arrêtés en coopération avec la Jica, en l ́occurrence le projet phare de développement de la capacité de surveillance de l ́environnement dans notre pays. Notons que la problématique de l'environnement est directement liée à celle de l'eau, un thème longuement défendu par le président sortant Abdelaziz Bouteflika. Les candidats en lice au rendez-vous électoral du 17 avril 2014 auront-ils les arguments nécessaires pour convaincre sur ce chapitre hautement stratégique et d'actualité? C'est qu'à l'ère du phénomène de réchauffement climatique, l'Algérie est à l'écoute de ce qui se fait ailleurs et où l'environnement est devenu un enjeu électoral de taille. Abdelaziz Bouteflika Ce candidat indépendant a le mérite de disposer d'un programme politique particulièrement soucieux de l'environnement. Ce dernier est abondamment traité sous l'intitulé «Cadre de vie». S'étalant sur le long terme, l'action de Abdelaziz Bouteflika vise notamment «la mise en oeuvre du programme de réhabilitation urbaine et de résorption des zones de précarité» mieux, il s'engage à l'étendre à «l'ensemble des agglomérations urbaines». De même qu'il affirme que «toute l'attention sera accordée à la revitalisation des espaces ruraux dans le cadre d'une approche plurisectorielle». Le programme politique prévoit également l'amélioration des «standards en matière de collecte et traitement de déchets ménagers» de même que «la protection de tous les espaces publics contre toutes les formes d'accaparement ou d'empiètement sera assurée avec toute la vigueur de la loi». Le candidat président insiste surtout sur la préservation de la denrée hydrique à travers la réalisation de barrages, de retenues collinaires et de grands transferts, le dessalement de l'eau de mer et l'épuration des eaux usées ainsi que la mise en oeuvre de la politique des réserves hydriques régionales stratégiques. Autant de mesures qui permettent au pays d'augmenter ses capacités de mobilisation de la ressource et de pérenniser l'irrigation agricole, on ne peut mieux prometteur. Ali Benflis Le candidat Ali Benflis semble particulièrement conscient de l'enjeu environnemental. Il met en avant un programme politique éloquent en matière de sauvegarde de mère nature. Selon ce dernier, il s'agit de «repenser l'aménagement du territoire et assurer une meilleure préservation de l'environnement». Benflis échafaude le Schéma d'aménagement du territoire ou SAT, dans la perspective d'insuffler un développement socio-économique équilibré, une gestion intégrée et rationnelle du territoire, l'amélioration de la qualité de vie et la préservation des ressources naturelles. Figure également le programme de préservation de l'environnement qui inclut l'efficacité énergétique, le développement de technologies vertes, des mécanismes de réduction de la pollution urbaine et industrielle et la préservation des écosystèmes. Benflis promet par ailleurs un plan «Environnement propre» de sensibilisation scolaire à la préservation de la nature et de l'environnement adossé à un plan d'initiation national à l'environnement. Il évoque en outre sa volonté d'impliquer les citoyens dans la gestion de l'environnement via les APC et moderniser la gestion des déchets. Il s'engage enfin à doter l'Algérie d'une politique d'aménagement de son territoire en cohérence avec son modèle et ses objectifs de développement. Cette politique a pour point d'orgue la préservation de l'environnement. Ali Fawzi Rebaïne Ce candidat milite pour la cause de l'environnement et met en avant un programme qui préconise une politique adéquate sur le long terme. Il établit que «l'environnement en Algérie est menacé par de multiples facteurs, à la fois endogènes et exogènes». La croissance démographique, l'avancée du désert, la concentration des zones industrielles en milieu urbain et la mauvaise gestion de l'urbanisation sont selon lui autant de facteurs capables de fragiliser l'environnement. Ce dernier devant être protégé par une politique pérenne. Aussi, Ali Fewzi Rebaïne ordonnance-t-il des mesures immédiates pour relever le défi environnemental, notamment le renforcement de la législation et des institutions en charge des secteurs liés à l'environnement, la protection de la diversité biologique des zones marines, des forêts et de la steppe et la définition d'une politique environnementale sur la pollution industrielle et énergétique à moyen et long terme. Il relance également la bonne vieille lutte contre la désertification, mais cette fois en s'inspirant des expériences étrangères. Autant de directives qui seront soutenues par les aides d'institutions internationales. Créer une télévision sur l'environnement est également un projet signé Ali Fewzi Rebaïne. Abdelaziz Belaïd Le plus jeune candidat à l'élection présidentielle 2014, l'aménagement de la ville et de l'environnement est une action prioritaire. D'ailleurs, son programme retient que «la problématique de l'environnement représente l'un des grands défis auxquels fait face l'Algérie». Il va même jusqu'à suggérer l'institution d'une police environnementale et dicte une politique générale orientée vers l'intérêt accordé à l'environnement local et au renforcement du rôle de l'autorité locale dans la protection de l'environnement et l'élargissement de leurs attributions. A l'image de Ali Fewzi Rebaïne, il est pour la création d'une télévision nationale thématique spécialisée dans l'environnement. Ce média sera alors financé par la manne des impôts qui sera alimentée par les pollueurs payeurs. Il recommande de s'inspirer des pays du Sahel et de ceux du pourtour méditerranéen pour mener à bien des missions des fonds marins. En bon scientifique, il est pour la création de centres de recherche afin d'étudier la dégradation de l'environnement et présenter des alternatives. Louisa Hanoune Avec une littérature moins abondante sur le thème, Louisa Hanoun va néanmoins à l'essentiel et attaque le grand mal de la pollution avec un grand remède, à savoir la constitutionnalisation de la lutte contre toute forme de pollution. «Ce mal sera pris en charge par l'Etat», préconise la première dame du PT et non moins candidate à la présidentielle. Moussa Touati Ce candidat est le plus laconique de tous en matière de défense de la nature et de l'environnement et ne présente pas une feuille de route élaborée sur ce thème précis. Il s'engage néanmoins en faveur de la défense et de la protection du milieu naturel en promettant «l'élaboration d'un plan pour préserver l'environnement et la nature».