«Est-ce que je suis toujours chef du gouvernement en 2014? Alors dites-moi pourquoi l'interdiction est toujours là?» La campagne parait vraiment s'emballer pour Ali Benflis. Une foule impressionnante plus importante que celle de Sétif, environ 10 mille personnes étaient présentes hier à la salle omnisports de Bordj Bou Arréridj. La tentative de perturbation du meeting à coups de hauts décibels d'anciens discours du candidat président diffusées à partir des haut-parleurs de la permanence électorale de Bouteflika a été vaine. Ali Benflis est revenu sur la décision d'interdiction des manifestations à Alger prise en 2001, suite à la marche noire du mouvement citoyen en juin 2001, alors qu'il était chef du gouvernement. Celui qui a démissionné trois ans après, soit en 2003, révèle que cette décision ne lui appartient pas. «Je l'ai entérinée pour éviter l'effusion de sang.» La preuve, 13 ans après elle est toujours en vigueur. Même si, dit-il «il a pris ses responsabilités requises, car il y avait des menaces d'attentats terroristes et des risques de dérapage à cette époque.» «Est-ce que je suis toujours chef du gouvernement en 2014? Alors, dites-moi pourquoi l'interdiction est toujours là?» s'est-il demandé en laissant clairement croire que cela dépassait ses prérogatives et que la décision fut prise ailleurs, dans d'autres officines. Auparavant, lors de sa virée dans la capitale du Hodna, le candidat indépendant, Ali Benflis, a été reçu en grande pompe par ses partisans à M'sila. Dans son discours prononcé devant une assistance très nombreuse amassée dans la salle omnisports de la ville, l'ex-chef de gouvernement a soutenu qu'il s'oppose viscéralement à un «Etat de complots et de coups d'Etat». A l'occasion de son passage dans la wilaya de Djelfa, M. Benflis a évoqué en présence du général Bencherif, l'ancien patron de la Gendarmerie nationale, ce qu'il appelle la première déviation commise au lendemain de l'indépendance et la violation caractéristique de la Constitution de 1996 en 2008, ainsi que le mouvement de redressement du FLN, conduit à partir de Djelfa en 2003 pour aboutir à sa démission de la tête du parti et l'invalidation du 8e congrès en recourant à la justice de nuit. «Je ne cultive pas un Etat de complots et de coups d' Etat», entonnera-t-il. Pour M.Benflis, l'appel du 1er Novembre est toujours d'actualité, car si on a arraché l'indépendance et chassé la puissance coloniale, on est loin d'avoir réalisé les deux principaux objectifs, à savoir un Etat démocratique et social. En citant le général Giap qui considère que le colonialisme est un mauvais élève qui ne tire pas de leçon, l'ex-Premier ministre fait le lien avec «la cinquième colonne ou l'armée des frontières qui s'est appropriée le pouvoir.» Il s'inscrit également en porte-à-faux contre un «Etat de la fratrie, de la famille et des copains.» Aujourd'hui encore, «certains se comportent en colonisateurs, en privatisant les institutions de la République». L'Etat sourd exclut et laisse en marge de larges pans de la société, qui souffrent au quotidien de l'absence d'un système de santé publique digne de ce nom et un système éducatif malade ainsi qu'un service public défaillant et une bureaucratie ravageuse. Dans ce sens, il propose un plan national de numérisation électronique qui sera lancé dès le lendemain de son investiture, si le peuple lui accorde ses voix le 17 avril prochain. Le plan en question viendra juste après l'installation du gouvernement de l'Unité nationale, affirme-t-il. Ali Benflis qui a reconnu la difficulté de cette tâche promet des résultats de cette réforme au bout de trois mois seulement après le lancement dudit plan et dit ne pas se contenter de réformes provisoires. A titre d'exemple, indique-t-il «une fois établi, l'extrait de naissance sera valable à vie et renouvelable dans le cas de sa détérioration complète». «Le peuple veut la démocratie», est le slogan acclamé et applaudi conjointement par Benflis et la foule présente dans la salle à M'sila. «L'Algérie de 2004 n'est pas celle de 2014», souligne-t-il. «Aujourd'hui, sous l'ère des réseaux sociaux et des hautes technologies de communication et d'information, le peuple veut recouvrir sa souveraineté et élire son président par un scrutin universel», ajoute-t-il encore. En critiquant vertement la tendance à l'achat de la paix civile et la distribution des enveloppes aux wilayas à la veille de l'élection présidentielle, adoptée par l'Etat en dépensant sans compter, Benflis estime que «les affaires de l'Etat ne se gèrent pas sur la place publique». Par ailleurs, il a dénoncé les auteurs d'instructions données aux journalistes de l'Entv qui sont chargés de la couverture de sa campagne électorale. Ces jeunes journalistes choisis parmi les stagiaires et les plus inexpérimentés ont été instruits, pour montrer des images de salles vides, avant qu'elles ne soient remplies par ses partisans.