Il exhortera les Sétifiens à vaincre «la peur». Le candidat Benflis a appelé ses partisans, à partir de Sétif où il était hier en campagne, à mettre «fin à la politique des hold-up électoraux et aux pronunciamiento» afin de barrer la route à la «politique de la bassesse et de la vilenie». Il accusera directement Bouteflika d'avoir semé les «graines de la division et de la fitna et d'ajouter ensuite qu'« on ne peut construire du neuf avec du pourri». Il exhortera les Sétifiens à vaincre «la peur» et à faire face courageusement aux multiples «pressions» exercées selon lui par le wali en personne. Le périple électoral du candidat Benflis continue de susciter une large adhésion de la population qui découvre les vertus et la verve verbale du prétendant à la succession de Bouteflika. Ainsi, ses haltes à Aïn Oulmène et El-Eulma dans la wilaya de Sétif ont attiré un grand monde, notamment à El-Eulma, qui a réservé un accueil des plus exemplaires, malgré les quelques obscénités verbales des sympathisants du rival de Benflis. Cet avant-goût de la popularité de Benflis dans cette wilaya a été vérifié à Sétif lors du meeting à la salle omnisports contenant environ 8000 personnes toutes acquises au projet du candidat. Le candidat du FLN a trouvé en la personne de la veuve de Houari Boumediene un allié de taille pour mettre en condition ses sympathisants par un discours des plus critiques à l'égard du président-candidat Bouteflika. D'emblée, elle annonce la couleur. Elle a été particulièrement virulente à l'encontre de l'ancien ministre des Affaires étrangères sous Boumediene : «Je connais ses tares et ses points faibles.» Elle apportera ensuite un démenti cinglant à ceux qui s'extasient devant l'habileté diplomatique de Bouteflika : «C'est Boumediene qui dirigeait la diplomatie algérienne et nul autre ailleurs. Avec lui on a régressé au lieu d'évoluer. Il a fait tout le contraire d'un chef de l'Etat. J'ai pensé naïvement qu'il allait mûrir et avoir la sagesse nécessaire pour sortir le pays de cette crise. Aujourd'hui, je suis inquiète pour mon pays, et c'est pour cette raison que j'ai décidé d'apporter mon total soutien à Benflis qui représente l'espoir pour le peuple algérien.» La foule écoute attentivement et applaudit à tout rompre: «Boumediene ! Boumediene!», scandait-elle. Son discours a duré près d'une demi-heure. Ce fut ensuite au tour de Benflis de prendre la parole dans une salle survoltée. Il rappellera d'abord les terribles événements du 8 Mai 45 et dira à ce propos que la ville de Sétif a toujours été un lieu du militantisme et de la résistance contre l'occupation coloniale. « Avant d'aller au combat, il faut que je vous communique le plan de bataille. Notre adversaire qui a ses informateurs dans la salle ne manquera pas de communiquer les nouvelles de la salle à leur candidat. Aussi, je vous demande de signer ensemble un engagement pour gagner cette bataille. Prenez garde! Ne vous endormez pas et méfiez-vous du laisser-aller. Surveillez vos urnes des voleurs et des fraudeurs.» Il indiquera par ailleurs que l'Algérie est aujourd'hui «emportée par un oued» et que le changement souhaité ne «viendra pas du ciel». Il s'étonnera du fait que le PNB d'un pays voisin (la Tunisie) «soit supérieur au nôtre». La reconstruction démocratique revient comme un leitmotiv dans ses sorties électorales. Benflis évoquera le cas de l'exclusion de Taleb Ibrahimi, de Moussa Touati et de Ghozali pour appuyer ses dires et promettra de mettre définitivement un terme à ces pratiques pharaoniques. A l'évocation du leader de Wafa, un groupe de sympathisants brandissent un portrait géant à l'effigie de Taleb Ibrahimi et le montrent à Benflis qui applaudit et dira qu'il «va casser la hogra politique» s'il est élu. Avant d'entamer son discours, Benflis a rappelé qu'il a choisi Sétif pour parler des cadres parce qu'il «sacralise la science et observe un respect particulier pour les cadres algériens» obligés de fuir à l'étranger où ils sont «mieux considérés». La question de l'établissement de la carte jaune au profit des jeunes que son rival tente d'exploiter à son profit pour les besoins de la propagande électorale a été dénoncée par Benflis qui a fait savoir que cette décision a été prise exclusivement par le responsable de l'armée qui a, selon Benflis, «décidé de limiter la mobilisation des jeunes appelés». Cette façon de faire a été qualifiée par Benflis «de ruse et de malversation». Dans l'après-midi, le candidat du FLN a fait des haltes à Bougaâ, où une foule très nombreuse attendait patiemment l'arrivée du cortège. Il improvisa un discours du haut du balcon de la permanence et leur promettra de réfléchir à la principale revendication des citoyens qui veulent un statut de wilaya à leur ville. Une autre halte à Aïn El Kébira, le patelin de l'ancien chef de gouvernement Belaïd Abdesselam a clôturé cette journée avant de s'envoler vers Tipasa où l'attendait un meeting électoral en fin de journée.