Epuisés par les promesses et affaiblis par la cherté de la vie, les citoyens ne cherchent que des solutions Afin de se rapprocher davantage du citoyen, les candidats ont mis l'accent sur les points sensibles au niveau local. Les candidats changent de discours. Après les attaques et les critiques sur les différentes politiques menées auparavant et le développement de leurs programmes, les postulants au poste de la magistrature suprême du pays s'intéressent au quotidien des citoyens. Conscients du désintérêt affiché par les citoyens aux discours politiques depuis le début de cette campagne, les six candidats en lice tentent de rattraper le coup en développant des thématiques sur les préoccupations des citoyens. Ce revirement opéré durant ce week-end n'est pas sans importance. Les candidats sont convaincus que les questions développées autour des projets démocratiques ne font pas bon marché. Ni la transition démocratique, ni encore moins le projet de révision de la Constitution ne sont en mesure de capter l'intérêt des citoyens. C'est leur dernier souci. Epuisés par les promesses et affaiblis par la cherté de la vie, les citoyens ne cherchent que des solutions qui soulagent leur train de vie. L'amélioration du pouvoir d'achat et des prestations de service, l'ouverture des portes de dialogue, l'emploi et le respect de la dignité des personnes sont entre autres, les seules revendications qui reviennent dans chaque plateforme. Les candidats semblent avoir saisi ce message. A neuf jours de la clôture de la campagne électorale, le discours prend un caractère purement social. Afin de se rapprocher davantage du citoyen, les candidats ont mis l'accent sur les points sensibles au niveau local. Le candidat indépendant Ali Benflis a préconisé jeudi dernier à El-Bayadh, «un nouveau découpage administratif à même de permettre une meilleure gestion au niveau local», et donc une «amélioration de la qualité de vie des citoyens». Ce vieux projet est attendu avec impatience par certaines régions du pays, en particulier celles du Sud. M.Benflis s'est engagé à régler le problème du chômage, notamment «celui des 3000 diplômés de cette wilaya qui devrait connaître, selon lui, un meilleur accès au foncier industriel pour promouvoir les investissements avec, au préalable, l'assainissement de la question épineuse de la propriété». La candidate du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, qui était à Tizi Ouzou, est revenue sur l'officialisation de la langue amazighe. La candidate du PT a dit avoir «inscrit la revendication d'institutionnalisation» de tamazight au coeur de ses préoccupations tout en rappelant avoir déjà présenté à l'Assemblée populaire nationale (APN) une plateforme de neuf points, dont l'institutionnalisation de tamazight comme langue nationale et la prise en charge des revendications de la population locale. Les problèmes de proximité ont également pris la part du lion dans le discours de Moussa Touati. Depuis Aïn Témouchent où il a animé son meeting, il a estimé que les services publics de base ne sont pas assurés aux citoyens, mettant en cause les pratiques bureaucratiques négatives de l'administration locale. Le président du Front national algérien (FNA) a critiqué cette tendance à minorer l'apport de l'élu local par des prérogatives limitées. Sur un tout autre registre, le candidat Ali Fawzi Rebaïne, a affiché son intérêt pour les compétences nationales qui quittent le pays, pour aller travailler ailleurs. Son programme, a-t-il expliqué, lors de son meeting à Tissemsilt, accorde une large place à l'élite qui doit, selon lui, bénéficier dans son pays, des conditions idoines pour évoluer. En direction de la diaspora algérienne à l'étranger, M.Rebaïne a promis de mettre à sa disposition les moyens adéquats pour l'inciter à revenir travailler en Algérie et permettre au pays de tirer avantage de ses compétences. De son côté, Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, a indiqué à partir de Djelfa que M.Bouteflika proposait un programme «clair et précis» avec l'objectif de construire un Etat «fort où la loi sera au dessus de tous» tout en promettant de passer le flambeau aux jeunes. Le plus jeune candidat, Abdelaziz Belaïd, a de son côté qualifié de déplorable la gestion actuelle des collectivités locales, donnant l'exemple du programme «100 locaux par commune» qui, selon lui, n'a donné aucun résultat. Il a promis, s'il était élu, qu'au lieu de construire des locaux commerciaux, il élaborera un programme ayant pour objectif d'implanter, dans chaque commune, des entreprises ainsi que des espaces de loisirs et de sports. Les candidats vont certainement mettre le paquet sur les préoccupations sociales durant cette dernière semaine de campagne pour séduire le maximum d'électeurs.