Un grand moment. La «Grande Muette» est sortie de son silence. Dans la vie d'une nation et sous tous les cieux, il y a des moments plus sensibles que d'autres. Chez nous, le rendez-vous électoral en cours en est un. C'est pourquoi, le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major des armées, le général Gaïd Salah, a inspecté et passé en revue les différents corps d'armée. Il a effectué ses visites du 1er au 3 avril dernier. A la suite de quoi, il a réuni les officiers et les cadres de l'armée y compris les élèves officiers pour les appeler à «poursuivre leurs efforts et leur dévouement afin de garantir un climat idéal au déroulement des prochaines élections présidentielles» lit-on dans le communiqué publié jeudi dernier. Certes, le moment des élections est un moment sensible sous tous les cieux, sauf que pour notre pays, il l'est encore plus face aux dangers qui le guettent. Quand, dans son discours aux troupes, le général Gaïd Salah évoque «les intentions et les projets hostiles des ennemis du peuple algérien, qui n'ont jamais digéré son indépendance, et n'ont point supporté sa force, son unité et sa cohésion sociale, culturelle et civilisationnelle» il est incontestable que c'est sur la base d'informations bien établies. On se rappelle qu'à la veille de l'ouverture de la campagne électorale, le président Bouteflika avait comparé le scrutin du 17 avril aux élections qui ont débouché à l'indépendance de l'Algérie en 1962. Beaucoup se sont interrogés devant une telle comparaison. Gaïd Salah explique pourquoi. C'est que, dit-il «les intentions et les projets hostiles des ennemis du peuple algérien, qui n'ont jamais digéré son indépendance, et n'ont point supporté sa force, son unité et sa cohésion sociale, culturelle et civilisationnelle» sont toujours présents. Il va même plus loin en s'adressant à tous les Algériens et leur demander de contribuer et soutenir l'ANP dans ce combat «pour déjouer, hier comme aujourd'hui, les conspirations des ennemis de l'Algérie». Il révèle que la feuille de route du terrorisme est à l'identique de celle de la colonisation qu'il (le terrorisme) «tente vainement de reproduire actuellement». L'engagement demandé aux Algériens aujourd'hui, s'inscrit tout naturellement «dans la continuité du combat contre le colonialisme». Comme l'ont vaillamment rempli nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Par fidélité aussi au serment fait au million et demi de chouhada. Les Algériens doivent rester unis même si «les ennemis de l'Algérie sont conscients que tant que l'Armée nationale populaire est forte, développée, unie et prête à faire face aux défis, ils ne pourront atteindre leurs piètres fins, ni à faire aboutir leurs conspirations hostiles à l'Algérie, terre et peuple» a ajouté le général Ahmed Gaïd Salah. Quand on prend connaissance de ce message fort de nos armées, on mesure mieux le degré d'irresponsabilité de certains de nos hommes politiques qui soutiennent, consciemment ou inconsciemment, qu'aucune menace de l'étranger n'est en vue. Quand bien même le message délivré à Alger par John Kerry est plus que rassurant en ne s'immisçant pas dans nos affaires intérieures et en ajoutant que son pays est plutôt prêt à participer à notre développement, notre sécurité sur le plan régional n'en reste pas moins menacée. Notre génération ne doit pas faillir. Elle se doit de préserver et protéger le legs de la génération de Novembre qui l'a payé au prix fort. La cacophonie ambiante, faussement assimilée à l'exercice démocratique, ne doit pas nous faire baisser la garde. Pour ne pas suivre les mensonges et les promesses, à tout-va, dont se servent l'incompétence et les égoïsmes durant cette campagne. Pour éviter de prendre un nouveau ticket pour l'enfer. Quand la «Grande Muette» parle, c'est plus que sérieux!