Tête-à-tête Bouteflika-John Kerry La visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a véritablement marqué le week-end politique du pays avec une activité diplomatique et politique très médiatisée. «Nous voulons travailler ensemble pour arriver à ce que vous voulez», cette déclaration du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, devant les caméras de la télévision faite au président Bouteflika résume, à elle seule, l'intérêt des Etats-Unis à l'Algérie considérée par les Américains comme un pays stratégique dans la région Mena. La visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a véritablement marqué le week-end politique du pays avec une activité diplomatique et politique très médiatisée. Mais le moment le plus attendu de la visite par les Américains et par les observateurs était sans doute la rencontre du chef de la diplomatie américaine avec le président Bouteflika, survenue en fin de journée de jeudi dernier. Les images de l'entretien sont tombées dans le journal de 20h de l'Entv, offrant une nouvelle image du chef de l'Etat. A cette occasion spéciale, la télévision publique a diffusé pour la première fois un long échange avec un responsable étranger. «Nous sommes disposés à travailler avec vous sur tous les dossiers», a-t-il ajouté, au cours de l'audience. Le président Bouteflika qui s'est levé pour accueillir le secrétaire d'Etat américain, n'a pas manqué, lors de cet entretien, d'échanger des amabilités avec son hôte. Un échange courtois et amical, où John Kerry s'est exprimé, à la fois en français et en anglais. Dans son échange avec le chef de la diplomatie américaine, le président Bouteflika, aidé de sa fidèle traductrice, a déclaré: «Nous voulons de la technologie et du renseignement.» Le président de la République a précisé que ces renseignements sont urgents au temps utile pour couvrir la région du Sahara et du Sahel. Kerry a répondu alors: «Nous sommes disposés à travailler sur tous ces dossiers.» La fin de cet échange s'est terminé avec une note d'humour quand Kerry s'est plaint de ne pas avoir de temps pour venir en Algérie et visiter le Tassili. Le président lui a alors souhaité en déclarant: «Quand vous serez prix Nobel de la Paix, nous souhaitons vivement que vous ayez une semaine pour visiter l'Algérie.» Le président Bouteflika faisait allusion aux énormes efforts de Kerry pour réussir le processus de paix au Proche-Orient. Un souhait qui a sensiblement touché John Kerry qui a répondu avec un seul mot en français: «Je reviendrais... je vous promets.» Le ton positif du secrétaire d'Etat américain était déjà donné dès son arrivée dans la soirée de mercredi dernier. Je suis heureux d'être en Algérie Dans une déclaration à la presse à l'aéroport international Houari-Boumediene, M.Kerry a relevé que l'Algérie et les Etats-Unis avaient des relations en «évolution» dans différents domaines, notamment la sécurité, le commerce et la culture. «Je suis très heureux d'être finalement en Algérie.» Les choses sérieuses ont commencé dès jeudi matin à 8h30, au siège du ministère des Affaires étrangères. Les deux responsables ont eu des entretiens en tête-à-tête avant de coprésider les travaux de la deuxième session du dialogue stratégique algéro-américain. Dans une allocution prononcée à l'occasion, M.Lamamra a indiqué que l'Algérie est prête à élargir sa coopération avec les Etats-Unis pour «inclure des domaines jusque-là inexplorés» tout en renforçant en même temps ceux qui existent déjà, soulignant que ceci représente «l'une des grandes priorités et missions du dialogue stratégique». De son côté, M.Kerry s'est dit «très encouragé» par cette session qui «ouvrira de vastes perspectives de coopération entre les deux pays», soulignant que les travaux permettront de «développer de manière significative» la coopération entre les deux pays. Dans son allocution prononcée à l'ouverture de la deuxième session du dialogue stratégique algéro-américain et l'absence de la presse, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est exprimé sur la politique algérienne en déclarant: «Les Etats-Unis se réjouissent de voir le processus de l'élection présidentielle en Algérie se dérouler dans la ́ ́transparence ́ ́.» Pour M. Kerry, les Etats-Unis travailleront avec le président élu pour le développement des relations et de la coopération entre les deux pays. «L'Algérie est un pays qui veille à l'épanouissement de son peuple et de sa société civile», a affirmé le secrétaire d'Etat américain. Après cette réunion où des groupes de travail consacrés à la coopération sécuritaire, politique, économique et commerciale ont été installés, les deux diplomates font face à une cinquantaine de journalistes locaux et étrangers pour la traditionnelle conférence de presse. Un exercice qui n'a duré pas plus de 20 minutes. Seulement deux questions (une pour la presse algérienne et une pour la presse américaine) ont été accordées par le service de communication des deux départements. Une méthode qui a provoqué un mécontentement dans le milieu de la presse qui attendait durant plus d'une heure pour poser des questions. Dans sa réponse à la question de la journaliste algérienne, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a salué l'engagement de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et son rôle de leadership dans la préservation de la paix et de la sécurité dans la région. «Nous respectons énormément le principe prôné par l'Algérie de non-ingérence dans les affaires internes du pays. Ce principe ne devrait pas constituer un obstacle au lancement de nouvelles perspectives de coopération dans le domaine sécuritaire entre les deux pays», a également déclaré M.Kerry lors de la conférence de presse. Le secrétaire d'Etat américain a souligné que le terrorisme «ne connaît pas de frontières». «C'est pourquoi il n' y a qu'un seul moyen pour répondre à cette menace, à savoir la coopération entre les Etats», a-t-il affirmé. Concernant le conflit israélo-palestinien, il a estimé que des progrès ont été réalisés pour réduire les écarts entre les deux parties. Il ajouta: «Nous sommes à un moment critique (dans les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens), mais le dialogue demeure ouvert», a-t-il affirmé. Dans son intervention, M.Lamamra qui a tenu à s'exprimer en anglais (une première pour un ministre algérien des Affaires étrangères), a salué le rôle et l'engagement des Etats-Unis «pour assurer une paix durable dans la région du Moyen-Orient» et l'engagement du président Obama pour le succès des pourparlers». A la fin de la conférence de presse, les deux ministres ont planté un arbre dans la cour intérieure du ministère des Affaires étrangères, en signe d'amitié algéro-américaine. Après ces intenses exercices diplomatiques, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est déplacé à Dély Ibrahim où il a procédé à l'inauguration du magasin officiel de Nike en Algérie (le plus important en Afrique). M.John Kerry a achevé jeudi soir sa visite de deux jours après avoir rencontré le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, prenant au passage le temps de rencontrer l'émir du Qatar, Cheikh Tamim en visite également en Algérie. La visite de M.Kerry a permis, dans un temps record, d'inscrire le cadre du «dialogue stratégique» entretenu entre l'Algérie et les Etats-Unis et la consolidation de leur coopération. Propos déformés de Kerry: la précision de l'APS Les propos tenus par John Kerry dans sa version initiale en anglais sont différents de ceux diffusés par l'Agence officielle APS et repris par plusieurs médias. Des propos prononcés lors de l'ouverture de la deuxième session du Dialogue stratégique algéro-américain à Alger et rapportés par l'APS. «Nous nous réjouissons de voir le processus de l'élection présidentielle (du 17 avril) se dérouler dans la transparence», aurait déclaré le secrétaire d'Etat américain. Les propos de John Kerry sur la «transparence» de l'élection présidentielle du 17 avril ont été mal traduits. Dans le texte mis en ligne par le département d'Etat, les propos qui lui sont attribués sont différents. L'agence APS se défend quant à elle de toute manipulation et dit avoir repris mot pour mot ce qu'a dit le traducteur de John Kerry. En effet, le département d'Etat américain a recruté ses propres traducteurs. Un francophone et un arabophone. Selon certaines sources, John Kerry parlait très vite et son discours n'avait pas été transmis aux traducteurs avant l'allocution.