La deuxième édition prend de l'ampleur et s'organise en partenariat, notamment avec le Mucem. Le cinéma arabe a de belles années devant lui dans l'Hexagone. Sa fraîcheur et son oeil audacieux et neuf plaît de l'autre côté de la Méditerranée. Ainsi, après le Festival du film arabe de Fameck, le Maghreb du film à Paris et le Panorama du film arabe et du Moyen-Orient de Saint-Denis, notamment Marseille, se met aussi à l'heure arabe. La deuxième édition des Rencontres internationales du film arabe à Marseille (sud de la France) qui ont débuté hier et se dérouleront jusqu'au 13 avril, promettent surprise et découverte pour les cinéphiles de la Cannebière. Six jours de projections, concerts et débats pour faire connaissance avec les films réalisés au Maghreb, au Proche-Orient, et au sein des diasporas arabes. Une mission que l'association née en 2000, Aflam, semble bien s'acquitter en mettant en lumière les cultures arabes à travers l'image et le cinéma. Fort du succès de la première édition, les Rencontres élargissent leur espace de projection et investissent d'autres lieux, notamment l'enceinte du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCem). Leur but est de faire découvrir les «jeunes talents» du cinéma arabe. Cette nouvelle édition mettra à l'honneur trois réalisateurs emblématiques d'Algérie, d'Egypte et de Syrie qui explorent les bouleversements politiques de leurs pays. Révolution Zendj, troisième film du cinéaste algérien Tariq Teguia, dresse un fil conducteur sur le thème de la révolution, entre plusieurs pays du Bassin méditerranéen, Liban, Grèce, Irak, à partir du parcours du journaliste Ibn Battuta, nom qui fait écho au au célèbre explorateur et voyageur marocain.Parti faire un reportage sur des affrontements communautaires dans le Sud algérien, il se trouve sur les traces de révoltes de ces pays. Le film a été primé à Belfort et continue son bonhomme de chemin dans l'espoir que le public algérien puisse le voir un jour en salle. «Rags and tatters», troisième long métrage du jeune Ahmed Abdalla, propose, à l'épreuve des bouleversements que connaît l'Egypte, la redécouverte de son pays par un homme échappé de prison à la faveur de la révolution égyptienne. Une échelle pour Damas du grand cinéaste syrien, Mohamed Malas, est une méditation poétique sur les événements en Syrie. Deux cinéastes seront honorés au cours de ces rencontres, le controversé tchadien Mahamet Salah Haroun et le sulfureux marocain Faouzi Bensaïdi, auteur, entre autres, du très délicat Mort à vendre. C'est le film palestinien Omar de Hany Abu-Assad qui clôturera ces rencontres. Pris spécial du jury au Festival de Cannes de 2013, il a été nommé pour représenter la Palestine aux Oscars 2014 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère. A travers la section «Un critique, deux regards», le critique de cinéma tunisien Ikbal Zalila proposera La clôture (Haçla) de Tariq Teguia et 1958 de Ghassan Salhab. Il s'agira d'interroger deux regards de cinéastes attentifs au monde qui les entoure tout en étant habités par une ambition formelle jamais reniée. Cinéastes dits de la rupture, de l'hybridation des genres, antinaturalistes par excellence, Ghassan Salhab et Tariq Teguia sont dans des logiques de résistance. Leur film développe des réflexions profondes sur leur pays en pleine mutation. L'Algérie figure encore au programme avec le documentaire Chantier A de Tarek Sami, Lucie Dèche et Karim Loualiche ainsi que le court métrage, Les jours d'avant de Karim Moussaoui. Débat, échange et découverte sont au menu de cette édition qui, gageons, sera bien riche en matière cinématographique.