Un court-métrage sur les bouleversements en Tunisie ouvrira la quatrième édition des Ecrans des nouveaux cinémas arabes qui débutera aujourd'hui à Marseille. Son titre est une invitation à entrer dans l'histoire : Dégage ! La continuité du travail de défricheur de l'association Aflam autour de la cinématographie arabe dans le sud de la France sera cette année, plus que jamais, mise en valeur lors de la quatrième édition des Ecrans des nouveaux cinémas arabes qui débute aujourd'hui à Marseille. Le monde arabe, depuis le début de l'année, est sous les projecteurs, et les films proposés démontreront que «les cinéastes, comme d'une manière les intellectuels, les écrivains et les artistes, étaient la figure de proue des peuples qui descendent dans la rue depuis janvier dernier». Le choix des films est pour l'essentiel inédit en France. De Syrie au Maroc, ils couvrent un arc de la production actuelle, avec la présence de pays dont on voit peu de films comme la Libye et l'Irak. Dire que les cinéastes arabes sont à l'écoute n'est pas peu dire. Ainsi, un court métrage sur la révolution tunisienne, Dégage !, de Mohamed Zran, sera projeté et présenté par son auteur lors de la soirée d'ouverture. L'association Aflam écrit en présentation de cet événement que les «cinéastes arabes ont toujours été combatifs : en point d'orgue de ce programme, nous rendons hommage au grand documentariste syrien Omar Amiralay, récemment disparu, qui eut bien des démêlés avec le régime. Preuve que le genre vit, deux documentaristes d'aujourd'hui, Mohamed Zran (Vivre ici) et Hakim Belabbès (Fragments), viendront présenter leurs films. A l'heure où un vent de liberté souffle, cette sélection de films des années 2009 et 2010 témoigne de la force d'intervention du cinéma : nombre traitent directement des sujets politiques, et plusieurs mettent l'histoire en perspective. Le voyage à Alger, La longue nuit. Chacun à leur manière, propose une relecture qui, dans le climat de ces derniers mois, prend une dimension nouvelle». C'est aussi vrai pour les courts métrages qui annoncent les événements de ces derniers mois. «Avec des esthétiques riches et diverses : force de l'image dans des films sans paroles ou presque (Partage, El Shyater Amr), densité du récit et acuité du regard (On ne mourra pas), symbolisme du graphisme et des couleurs (Courte vie). L'humour, corrosif, n'est pas non plus absent. Courte vie, Condamnations, La mosquée, en utilisent la force de dénonciation. Le temps qu'il reste, dernière œuvre d'Elia Suleiman, nommé par certains critiques le distille savamment». On citera enfin Microphone d'Ahmad Abdalah, un des chefs de file du nouveau cinéma égyptien, reflet des aspirations de la jeunesse d'Egypte, du bouillonnement de la vie artistique. Aux thèmes de fond de ces cinémas, la condition de la femme (Tabou), l'émigration (Sin palabras), s'ajoutent des thèmes que les cinéastes arabes s'interdisaient d'aborder : Tabou et Pégase traitent de l'inceste, Le dernier passager, du suicide. C'est à Marseille et dans les villes des alentours que cela se passe. A noter d'ores et déjà le formidable rendez-vous de novembre. Aflam présentera alors «Cinéma(s) d'Egypte» ; le cinéma égyptien a longtemps dominé les écrans du monde arabe par la qualité et la quantité de sa production : films du patrimoine, production récente, littérature, musique et photos seront présents pour mettre à l'honneur la culture égyptienne à Marseille et dans la région.