Manifestation pro-russe en Crimée Devant cette situation, Moscou se dit prête à engager des consultations pour résoudre la crise. La Russie a appelé hier les autorités ukrainiennes à cesser des préparatifs en vue d'une intervention dans l'Est, «qui risque de déclencher une guerre civile», affirmant que «150 hommes d'une société de sécurité privée américaine participent à l'opération, ainsi que des militants d'un groupe nationaliste» qu'elle qualifie de «fasciste». Kiev a démenti ces allégations et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a répliqué en accusant la Russie d'avoir envoyé «des provocateurs et des agents» créer «le chaos» dans l'est de l'Ukraine. Les autorités ukrainiennes provisoires en place depuis le renversement fin février du président Victor Ianoukovitch accusent Moscou de vouloir déstabiliser l'Ukarine, a travers ces incidents (est), dans le but de «démembrer» leur pays ou au moins torpiller l'élection présidentielle prévue le 25 mai. La tension demeure palpable en Ukraine, notamment dans l'est russophone où des séparatistes pro-russes, favorables à un rattachement à la Russie, contrôlent depuis dimanche des bâtiments de l'administration locale, alors que Moscou souhaite régler la crise par des négociations internationales en présence de représentants de ces régions. La tension était brusquement montée dimanche dans l'est de l'Ukraine. Outre Kharkiv, des manifestants pro-russes avaient pris le contrôle des bâtiments administratifs à Lougansk et Donetsk, proclamant une «république souveraine». Ces derniers ont décidé d'organiser un référendum sur leur souveraineté régionale avant le 11 mai. Devant cette situation, Moscou se dite prête à engager des consultations pour résoudre la crise. Dans une volonté de régler la crise, la Russie s'est dite mardi prête à engager des pourparlers sur l'Ukraine tels que proposés par les Américains avec les Européens, sous condition de la présence des représentants des régions russophones du sud-est du pays. «Nous sommes prêts à envisager un format dans lequel seraient représentés les Européens, les Etats-Unis, la Russie et la partie ukrainienne», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, interrogé sur la possibilité de tenir une telle rencontre dans les dix jours, évoquée la veille par le département d'Etat américain, à l'issue d'un entretien entre le ministre russe et son homologue John Kerry. Le ministre russe a exclu de cautionner une rencontre qui «ignorerait la contestation dans le sud et l'est de l'Ukraine». «Nous souhaitons que le sud et l'est de l'Ukraine soient représentés», a-t-il souligné. «Depuis que le nouveau gouvernement ukrainien a pris le pouvoir à Kiev après le renversement du président Ianoukovitch, Kiev n'a rien fait pour satisfaire les demandes juridiques des régions russophones du pays», a expliqué le chef de la diplomatie russe. Face à ce regain de tension, les avertissements se multiplient. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a mis en garde la Russie contre les «conséquences graves» d'une éventuelle intervention dans l'est de l'Ukraine, qui constituerait selon lui, une «erreur historique», appelant Moscou à «ne pas jouer l'escalade». Le président français François Hollande a appelé pour sa part Moscou, à ne pas «alimenter les tensions». De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé hier que la situation «reste difficile» en Ukraine et souligné que les Ukrainiens «doivent décider par eux-mêmes de leur destin». «La situation en Ukraine reste difficile», a dit Mme Merkel lors d'un discours de politique générale devant les députés du Bundestag. «Malheureusement, sur beaucoup de points, on ne peut pas percevoir de contribution de la Russie à une détente», a-t-elle ajouté, tout en plaidant pour une poursuite du dialogue avec Moscou. Le président russe, Vladimir Poutine réunissait mercredi son gouvernement pour examiner les relations économiques avec l'Ukraine, après la décision de relever les prix du gaz livré à Kiev de 80%. Selon un sondage mis en ligne récemment par le centre Levada, les Russes sont 67% à estimer que la Russie devrait intégrer de nouvelles régions ukrainiennes, après le rattachement de la Crimée, si ces dernières se prononçaient en ce sens par référendum.