Kiev, qui prépare l'élection présidentielle prévue le 25 mai, ne sait plus quoi faire à Lougansk, Kharkov et Donetsk où les militants activistes pro-russes manifestent depuis dimanche dernier pour exiger l'organisation, avant le 11 mai, d'un référendum sur un éventuel rattachement de ces trois régions à la Russie. Les « séparatistes qui prennent les armes, qui envahissent des bâtiments, seront traités comme des terroristes et des criminels », annonce le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov. Arsen Avakov, son ministre de l'Intérieur par intérim, promet de rétablir le calme dans l'Est du pays « par le biais des négociations ou par la force ». « Sous 48 heures », précise-t-il. « A tout moment, nous pouvons faire tout ce que nous avons prévu », dit-il, ordonnant l'envoi de renforts des forces spéciales dans ces régions pour répondre par la force à « ceux qui cherchent le conflit ». Des véhicules de transport de troupes ont été introduits à Lougansk selon la télévision ukrainienne. Moscou demande aux autorités ukrainiennes de « cesser leurs préparatifs d'intervention » à l'Est si elles ne veulent pas prendre le « risque de déclencher une guerre civile ». Vladimir Poutine, qui ne cesse de répéter que la Russie est prête à défendre, « par tous les moyens », les populations russophones de l'ex-URSS, en cas de violence, demande aux autorités intérimaires de « ne rien commettre d'irréparable ». Selon Moscou, outre ces renforts, 150 hommes d'une société privée américaine de sécurité et plusieurs militants d'un groupe fasciste ukrainien participent à ces préparatifs. Les Etats-Unis accusent la Russie d'être le chef d'orchestre de la contestation. Selon John Kerry, « l'implication claire et manifeste de la Russie dans la déstabilisation et le développement d'activités séparatistes dans l'Est de l'Ukraine est plus que profondément inquiétante. Personne ne devrait se laisser berner et croyez-moi personne ne l'est par ce qui pourrait potentiellement servir de prétexte artificiel à une intervention militaire identique à ce que nous avons vu en Crimée ». Il accuse la Russie d'avoir envoyé « des provocateurs et des agents » pour créer le chaos dans l'Est de l'Ukraine. Lui emboîtant le pas, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'Otan, se fait plus menaçant. « J'appelle la Russie à reculer et à ne pas jouer l'escalade », dit-il. Pour sortir de cette crise, les Etats-Unis, qui n'excluent pas de revoir leur présence militaire en Europe, proposent des « pourparlers » à quatre (Ukraine, Russie, Union européenne, USA) le 17 avril à Vienne (Autriche). La Russie accepte ces discussions sous conditions : la participation de représentants pro-russes. L'Union européenne, qui s'est effacée dans cette crise ukrainienne au profit des Etats-Unis et de l'Otan, envisage de créer un « Groupe de soutien » à Kiev. « C'est pour coordonner les efforts financiers des Etats membres, des donateurs extérieurs et du FMI », explique Catherine Ashton, la représentante de la diplomatie européenne.