Cataracte: maladie endémique du Qatar. Kurzas Comme je l'avais bien dit dans une de mes dernières compositions françaises (c'est ainsi que j'appelle désormais ces chroniques qui me valent un épuisant effort), tout homme ou femme qui a un contact direct ou indirect avec un public de plus en plus exigeant, doit se renouveler ou se retirer. Dans la difficile tâche d'allonger chaque jour un billet qui puisse intéresser un peu le lecteur, attirer son attention accaparée par des sujets plus importants, le faire réfléchir, le faire sourire ou l'exaspérer, il est une chose compliquée, celle de se renouveler. Que trouver pour contenter d'abord le lecteur qui vient de dépenser l'équivalent de 200 g de patates ou de 25 cl de lait? Il faut ensuite satisfaire le rédacteur en chef qui a des comptes à rendre à qui de droit. Et tout cela sans ennuyer le personnel de saisie et les correcteurs (trices)... Se renouveler. Ah! la bonne affaire: comment trouver un thème original dans la routine quotidienne. On n'étonne plus personne en mettant sur la table des sujets aussi banals que les scandales financiers mis en sourdine ou qui apparaissent et disparaissent mystérieusement tels des serpents de mer, d'une actualité braquée sur les péripéties d'une campagne électorale unique en son genre. Reprendre encore une fois l'absence des syndicats sur l'enjeu important d'une élection qui va peser lourd dans les budgets des ménages: il n' y a plus de débat sur le soutien des prix aux denrées de première nécessité, puisque tout le monde tourne le dos à cette formule désuète qui a fait la fortune des trafiquants transfrontaliers mais qui freine cependant une inflation que plus personne ne soit en mesure de contrôler... Je ne peux pas non plus parler du large fossé qui sépare les salaires proposés chichement par le club des trois et des prix qui sont soumis à de mystérieuses lois qui se rient de la gravitation. Les dés sont pipés et les carottes sont cuites pour les pauvres salariés qui ont le choix douloureux entre un salaire symbolique, la pratique du système D qui consiste à faire 12 métiers pour affronter ses treize misères. Je ne serais pas d'une grande originalité si j'insistais encore sur le poids du secteur informel dans une économie délabrée ou sur la voracité d'un secteur privé qui manque de traditions. Je ne provoquerais que des soupirs de déception chez les gens désabusés qui savent depuis longtemps que c'est l'économie de bazar qui a le vent en poupe et que les rachitiques industries nationales étaient vouées depuis les années 1980 à une mort certaine. Allez donc essayer d'intéresser quelqu'un sur la prochaine élection, sur les chances de tel ou tel candidat: celui-ci a toutes les chances de l'emporter les doigts dans le nez tandis que les autres se contenteront de la formule célèbre du baron de Coubertin. Quotas qui seront distribués et la manière avec laquelle ils seront distribués. Je pourrais peut-être faire froncer les sourcils de ceux qui ont l'habitude de lire les commérages relatifs aux sportifs en spéculant sur les chances de l'EN au Brésil, après les dernières révélations sur le départ annoncé du coach... Pas plus que je ne ferais des pronostics hasardeux sur le taux de participation à la prochaine élection: l'Algérie étant comme chacun le sait un pays de miracles, il faut s'attendre à des surprises. On risque de se heurter aux courants d'air qui balaieront les bulletins... Je vais peut-être décider de mettre noir sur blanc ce que j'aurais pu dire à John Kerry et qui ne risque pas de paraître sur WikiLeaks.