Le n°2 du Gspc nourrit, plus prisonnier que libre, polémiques et controverses. Il semble que les autorités algériennes ne sont pas encore sûres de l'identité de l'homme «qui se fait appeler Abou Haïdara» et qui jouit d'une certaine «aura auprès de ses compagnons islamistes». «Lorsque nous serons sûrs qu'il s'agit bien de cette personne, à ce moment-là, nous pourrons prendre les dispositions nécessaires pour demander à ce qu'il nous soit livré», a précisé Nouredine Yazid Zerhouni en réaction à la confirmation du parquet allemand de Karlsruhe qu'il s'agit bien d'Amari Saïfi, le n°2 du Gspc, arrêté dans le Tibesti, au Tchad, le 15 mars dernier. En fait, les choses ne sont pas à ce stade de simplicité et il semble qu'un imbroglio est en train de se mettre, insidieusement, en place. S'il s'agissait d'une simple arrestation, les autorités algériennes auraient pu dépêcher des officiers du renseignement au Tchad pour voir de près «de qui il s'agit», d'autant plus qu'Alger entretient d'assez bonnes relations avec le régime de Deby et que «le Para» a été militaire de carrière à Biskra avant sa radiation des effectifs, c'est-à-dire le DRS possède tout un dossier, avec toutes les indications nécessaires sur la personne. Mais il semble que «le Para» soit entre les mains de l'opposition armée tchadienne, le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt) ou un autre groupe armé. Dans ce cas, les autorités algériennes n'ont pas d'interlocuteur direct avec qui prendre langue, d'autant plus que la région où est censé se retrouver aujourd'hui «Abderrazak le Para», le Tibesti, est infestée de groupes rebelles et agité par les tensions. Si c'est bien le Mdjt qui détient le n°2 du Gspc, il peut bien «jouer politiquement» avec un pays tiers et lui livrer le prisonnier, et dans ce cas, les pays voisins, le Niger, le Mali ou même l'Algérie peuvent faire l'affaire afin que ce groupe armé passe pour un interlocuteur politique fiable. Le groupe qui détient le prisonnier peut aussi jouer la carte d'un «preneur d'otage» et exiger une rançon, d'autant plus que des pays comme la Suisse, qui a versé la rançon de 5 millions d'euros pour obtenir la libération des quatre otages suisses, durant l'été 2003, et l'Allemagne, avaient lancé contre lui un mandat d'arrêt international. Dans ce cas, Berlin et Berne pourraient encore payer une seconde rançon pour obtenir que leur soit livré l'ancien preneur d'otages, devenu lui-même otage. Bien sûr, tout ce va-et-vient diplomatico-militaro-terroriste repose sur le fait, non avéré encore, que le «Abou Haïdara» fait prisonnier au Tchad, est bel et bien Amari Saïfi, l'ancien n°2 du Gspc algérien. En attendant que le prisonnier soit confronté à sa propre identité ou à celle d'un autre, l'imbroglio autour de l'incroyable cavale saharienne et sahélienne de l'enfant de Guelma reste entier.