Le président turc Abdullah Gül a exclu hier une «formule Poutine-Medvedev» pour échanger des postes avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan après l'élection présidentielle, jugeant ce modèle peu démocratique. M.Gül est cité comme possible Premier ministre en cas de victoire de M.Erdogan lors de l'élection présidentielle d'août, qui se déroulera pour la première fois au suffrage universel direct les 10 et 24 août. «Je ne crois pas qu'une telle formule serait appropriée en démocratie», a déclaré Gül aux journalistes à Kutahya (ouest). «Je n'ai pas de projet politique pour l'avenir dans les circonstances actuelles», a ajouté M.Gül, co-fondateur avec Erdogan du Parti de la justice et du développement (AKP). Dmitri Medvedev avait succédé en 2008 à Vladimir Poutine, qui ne pouvait plus se présenter après deux mandats présidentiels. Puis en 2012, il avait repris le poste de chef de gouvernement occupé par Poutine, après la réélection de celui-ci - fortement contestée par l'opposition - pour un 3e mandat à la tête de la Russie. Selon Nihat Ali Ozcan, de l'Université privée Tobb d'Ankara, ces remarques de Gül restent assez ambiguë et n'écartent pas complètement un intérêt pour le poste de Premier ministre. Gül veut d'abord voir comment vont évoluer les relations avec l'AKP, une fois Erdogan élu président, a dit M.Ozcan. Après avoir accompli trois mandats comme Premier ministre, le maximum autorisé en vertu des statuts de l'AKP, Erdogan a jeté son dévolu sur la présidence. La victoire retentissante de l'AKP lors des élections locales le mois dernier malgré les graves accusations de corruption qui pèsent sur lui et son régime, ont renforcé l'intérêt de M.Erdogan pour le poste de président, estiment les observateurs. Hier, lors d'une réunion avec les députés de son parti à Ankara, Erdogan a affirmé qu'il n'avait «pas encore pris une décision concernant la présidence». «Nous avons entamé des consultations sur ce sujet important. Nous allons rencontrer nos délégués la semaine prochaine (...) et consulter tout le monde. Nous allons également discuter avec notre président», a déclaré M.Erdogan. La présidence est actuellement un poste essentiellement honorifique, mais Erdogan a déclaré qu'il exercerait tous ses pouvoirs s'il était élu, ce qui pourrait être une source de conflit entre le Premier ministre et le président. Compagnon de route de M.Erdogan, M.Gül n'hésite plus depuis plusieurs mois à prendre ses distances avec les positions intransigeantes du Premier ministre, au point d'être présenté comme un rival potentiel.