L'armée sud-soudanaise a annoncé hier qu'elle avait «perdu le contact» avec ses troupes qui combattent les rebelles dans un Etat pétrolifère stratégique du Nord, dont les rebelles ont repris cette semaine la capitale. Les forces du président Salva Kiir affrontent dans l'Etat d'Unité (nord) les partisans de l'ancien vice-président Riek Machar, limogé l'an dernier. Les rebelles avaient repris mardi la capitale de l'Etat, Bentiu, dans une offensive visant à prendre le contrôle des principaux puits de pétrole de la plus jeune nation de la planète. Des Casques bleus de l'ONU ont rapporté que des dizaines de cadavres jonchaient les rues de Bentiu. Les rebelles affirment que l'armée était en déroute lorsqu'elle a fui Bentiu et qu'ils avaient saisi de nombreux équipements militaires, y compris de l'artillerie. Les militaires ont nié, disant qu'ils préparaient une contre-attaque. Mais l'état-major à Juba a admis qu'il n'arrivait plus à joindre ses troupes depuis jeudi. «Il y a un problème, nous avons perdu le contact (...) Les téléphones ne passent pas», a déclaré le porte-parole de l'armée, Malaak Ayuen. Aucun détail supplémentaire n'était disponible dans l'immédiat sur la situation dans l'Etat d'Unité, mais selon diverses sources, les rebelles intensifient leurs attaques, notamment dans les régions de Melut et Renk dans l'Etat du Haut-Nil (nord-est), lui aussi producteur de pétrole. Quant à la ville de Bor, située dans l'Etat de Jonglei (est), la situation y est «très calme», a indiqué M. Ayuen, après une attaque jeudi d'hommes armés contre une base de l'ONU, qui a fait au moins 58 morts et plus de 100 blessés. Le bilan des morts pourrait encore augmenter, certains blessés étant touchés très gravement. Des enfants figurent parmi les tués. Le Conseil de sécurité des Nations unies a qualifié l'attaque contre la base, où quelque 5.000 civils ont trouvé refuge, de «scandale» et rappelé qu'attaquer des Casques bleus constitue «un crime de guerre». La guerre avait éclaté le 15 décembre à Juba entre des unités loyales au président Salva Kiir et des partisans de son ancien vice-président Riek Machar, avant de s'étendre à travers le pays et de s'ethniciser. Des atrocités ont été signalées dans les deux camps. Le conflit a fait des milliers, sinon des dizaines de milliers de morts et près d'un million de déplacés. L'ONU et les ONG humanitaires ont prévenu qu'un million de personnes étaient au bord de la famine alors que les pourparlers entre les deux bords sont dans l'impasse.