Une offensive de l'armée était imminente lundi contre les forces rebelles de l'ex-vice-président Riek Machar à Bor, capitale de l'Etat du Jonglei au Soudan du Sud, au moment où la communauté internationale poursuit ses efforts pour éviter une intensification des violences qui ont fait des centaines de morts en une semaine. Le président sud-soudanais Salva Kiir a annoncé que "les forces SPLA et les forces loyales (au gouvernement) sont maintenant prêtes à avancer sur Bor", capitale du Jonglei, l'une des régions les plus explosives de la jeune nation. Selon le porte-parole de l'armée, Philip Aguer, des renforts de l'armée sud-soudanaise, appuyés par des hélicoptères, se préparent à une offensive majeure pour la reprise de cette ville, située à 200 km au nord de Juba et contrôlée depuis jeudi par les hommes de l'ancien vice-président Riek Machar entré en rébellion. Outre la ville de Bor, la rébellion de Riek Machar contrôle en partie l'Etat-clé d'Unity, qui concentre les ressources pétrolières du pays, et s'est rendue maîtresse de sa capitale, Bentiu (1.000 km au nord de Juba). Depuis le 15 décembre, un conflit armé a éclaté entre les forces du président Salva Kiir et les partisans rebelles de Machar après une tentative de coup d'Etat menée, selon les autorités, par l'ancien vice-président, avant de s'étendre au reste du Soudan du Sud, déjà en proie à de vives tensions ethniques. Malgré cette escalade de violence, le commandant en chef de l'armée sud-soudanaise, James Hoth Mai, a affirmé que son pays n'était pas encore au bord de la guerre civile. "Une guerre civile n'est pas proche. Nous l'éviterons à tout prix", a-t-il assuré. Le chef militaire a néanmoins reconnu que le gouvernement avait "des problèmes" dans deux Etats, l'instable Jonglei dans l'Est et l'Etat-clé pétrolier d'Unité, mais il s'est dit confiant dans la capacité de l'armée "à rétablir la situation dans quelques jours". Depuis une semaine, des centaines de morts ont été enregistrés, 500 ne serait-ce qu'à Juba, selon l'ONU, qui accueille dans ses bases plus de 35.000 personnes qui ont échappé aux combats et massacres à travers le pays. La communauté internationale craint une nouvelle guerre civile La communauté internationale, préoccupée par la situation humanitaire au Soudan du Sud, a multiplié ses efforts pour mettre un terme aux violences afin d'éviter à cette jeune nation de replonger dans la guerre civile, seulement deux ans après son indépendance du Soudan, en juillet 2011. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a appelé dimanche à la fin immédiate des violences au Soudan du Sud, qui mettent en danger, selon lui, l'avenir du pays, au moment où la mission des Nations unies dans le pays (Minuss) annonçait dans un communiqué qu'elle allait envoyer des renforts militaires à Bor et Bentiu "pour continuer à remplir son mandat de protection des civils sud-soudanais". Les actes de violence contre les civils s'étant multiplié ces deniers jours à travers le pays, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exhorté toutes les parties au conflit à respecter les règles du droit international humanitaire, appelant instamment tous ceux qui sont impliqués dans les violences à respecter les principes humanitaires fondamentaux. "Nous sommes extrêmement préoccupés par les rapports qui font état à la fois d'assassinats ciblés de civils et de mauvais traitements", a déclaré Melker Mabeck, chef de la délégation du CICR à Juba. Il faut que les civils soient protégés contre les attaques. La vie humaine et la dignité de toute personne doivent être respectées, a-t-il indiqué. Le président soudanais Omar el-Béchir a également fait part de sa "préoccupation face aux développements au Soudan du Sud" voisin, ajoutant que "le rôle du Soudan est d'aider ces pays à rétablir la stabilité". Le président américain Barack Obama, qui assure suivre la situation au Soudan du Sud, avait prévenu la veille que l'appui diplomatique et économique crucial des Etats-Unis cesserait en cas de coup d'Etat militaire de l'ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar. Le secrétaire d'Etat John Kerry a aussi dit au téléphone au président Salva Kiir que les violences sapaient ce qui avait été imaginé lors de l'indépendance du 9 juillet 2011. Devant le Parlement de son pays, le président Salva Kiir s'est de nouveau dit lundi prêt à discuter avec rival Riek Machar, mais "sans condition préalable". L'ex-vice-président a fait savoir qu'il n'était prêt qu'à négocier un départ du président.