Tout un symbole. Après avoir prêté serment au Palais des nations devant les cadres de la nation et retransmis en direct pour l'ensemble du peuple algérien, le président Abdelaziz Bouteflika s'est aussitôt rendu au cimetière El Alia pour se recueillir au carré des Martyrs. Par ce geste d'une très grande charge symbolique, le chef de l'Etat a voulu marquer l'autre serment que tous les moudjahidine ont fait à leurs compagnons tombés au champ d'honneur. Celui d'être toujours au service du pays et ne pas laisser tomber le flambeau pour que vive l'Algérie! Restons dans les symboles pour relever la présence au Palais des nations lors de la prestation de serment du président Bouteflika, pour la première fois dans l'histoire de la démocratie dans notre pays, de deux candidats à la présidentielle du 17 avril dernier. Ils n'étaient que deux, Louisa Hanoune et Abdelaziz Belaïd, sur les cinq autres (tous salués par le chef de l'Etat dans son discours après la prestation) mais cela suffit pour démontrer qu'une véritable culture démocratique s'installe dans notre pays. Ce qui les honore et permet à l'histoire d'acter leur geste qui place, de manière irréversible, l'Algérie au rang des nations modernes. Puissions-nous avoir de plus en plus d'hommes et de femmes politiques avec la même hauteur de vue qui dépasse l'intérêt étroit lié aux personnes dans l'action politique. Beaucoup s'interrogent des prochaines étapes que va lancer maintenant le président Bouteflika. Pour peu que l'on prête attention à ces propos lors de sa prestation de serment on relèvera que «le premier de ces engagements est de travailler à la préservation de la stabilité du pays» a-t-il précisé. En effet, toutes les autres étapes que ce soit celle des réformes politiques ou du développement économique et social ne sont possibles autrement. S'agissant de la révision constitutionnelle, le chef de l'Etat a précisé qu'il comptait relancer sous peu les réformes politiques «pour aboutir à une révision constitutionnelle consensuelle». La lettre et l'esprit d'une telle précision obligent à comprendre qu'il faut d'abord, réunir toutes les conditions pour parvenir à un véritable consensus autour de cette révision. De l'indépendance de la justice aux structures de l'Etat au service exclusif des citoyens en passant éventuellement par des élections législatives anticipées, toutes les réformes doivent prendre forme avant de passer à la loi fondamentale. On en saura certainement plus dans son message du 1er mai prochain. Quant à la formation du prochain gouvernement que beaucoup donnent comme première étape après la prestation de serment, il n'est pas impossible que le président se suffise d'un remaniement. Puisque d'une part, ce sera un signe de la «stabilité» recherchée, d'autre part, et quel que soit la nouvelle configuration de l'Exécutif, celui-ci n'aura pour seul programme celui du président de la République. Que la composante du gouvernement soit modifiée avec le souci de la performance donc plus de compétence, cela relève de l'évidence vu les retards enregistrés sur certains objectifs. A la stabilité et au programme présidentiel déjà sur la table, s'ajoute le fait que depuis son arrivée à la tête de l'Etat en 1999, Abdelaziz Bouteflika n'a jamais fait du changement de gouvernement une condition pour chaque nouveau mandat. Il a aussi bien travaillé 9 mois avec Smaïl Hamdani qui avait été nommé par Zeroual. Il n'y a jamais eu de corrélation entre les mandats et les différents gouvernements. Par contre, le président Bouteflika n'a jamais hésité à rappeler au gouvernement d'anciens membres. On l'a vu pour Ahmed Ouyahia en 2003 puis en 2008. On l'a vu pour des ministres comme Abdelmadjid Tebboune qui a été rappelé en 2012. L'important étant l'atteinte des objectifs tracés par le président de la République. Et surtout dans les délais!