Quel bilan pouvons-nous faire de la production des chaînes privées algériennes durant ces deux dernières années? Pour celles qui existent depuis deux à trois ans, elles n'ont pas réussi ni à égaler ni à dépasser l'Entv. L'objectif d'effacer le monopole de la télévision publique n'a pas été atteint. Pas pour certaines en tout cas. Car la télévision d'Etat reste toujours la chouchoute du gouvernement et du pouvoir. Même si Ennahar TV l'a fait un peu douter avant la campagne électorale en accueillant en exclusivité Ouyahia et Belkhadem. Sur le plan politique et malgré la censure qui sévit toujours, la télévision publique a toujours de beaux jours devant elle. Elle est protégée par les différentes subventions gouvernementales et un cahier des charges toujours au service de l'Etat. Mais ce temps est compté, car de toutes les chaînes privées qui montent, il y a trois chaînes privées qui sont capables de déstabiliser l'hégémonie de la télévision publique. Certaines télévisions privées ont réussi tout de même à titiller ou à menacer la présence de l'Entv, mais ne sont pas arrivées à l'effacer. C'est le cas d'Echourouk News qui a imposé son concept britannique de l'information. (Les présentateurs sont debout et font passer les sujets). La télévision d'Echourouk TV qui a réussi en dépit de toutes les pressions, à rester «non alignée» lors de la présidentielle du 17 avril en a subi les conséquences, puisqu'elle a été interdite de plateau à El Aurassi. Du coup, elle a été obligée de réaliser un direct durant toute la journée du 17 avril avec des invités politiques de marque. La direction d'Echourouk entend miser sur Echourouk News pour l'information et Echourouk TV pour le divertissement. Pour cela, le groupe Echourouk a initié ses jeunes journalistes à la formation pour acquérir des concepts et le savoir-faire anglo-saxon. Cette semaine, les formateurs de la BBC, Eris et l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Algérie vont se réunir pour faire une évaluation de la coopération de formation Echourouk TV et BBC, sur l'ensemble des formations, notamment sur le programme polyweek, qui est diffusé par Echourouk TV. De son côté, KBC se prépare à la grande bataille audiovisuelle du Ramadhan après un retard d'entrée dans la course durant la présidentielle. La Khabar Broad Casting Corporation (KBC), la télévision du groupe El Khabar a été officiellement lancée le 3 mai dernier à l'occasion de la Journée mondiale de la presse. La cérémonie de lancement ne s'est pas faite dans un grand hotel cinq étoiles, comme l'a fait Atlas TV, Djurdjura TV ou encore Echourouk TV, dans les locaux de la chaîne à El Achour. Et cela en présence de personnalités politiques connues comme l'ex-chef de gouvernement Mouloud Hamrouche, les ex-ministres de la Com: Aziz Rahabi, Lamine Bechichi et Mohieddine Amimour. Mais également des gens des médias comme Ahmed Bedjaoui, Chérif Rezki, Zoubir Souissi ou encore le sociologue Nacer Djabi. Le directeur de la chaîne Madani Ameur, ancien de l'Entv, entend se lancer dans cette aventure audiovisuelle privée pour marquer sa différence avec les autres chaînes privées et surtout se démarquer du traitement de la télévision publique. A côté de ces chaînes privées: Echourouk TV, Ennahar TV, KBC, quel avenir sera réservé pour les autres télévisions privées comme Beur TV, Hogar TV ou encore Numidia News ou El Djazairia TV. Deux grands événements sont attendus dans les prochaines semaines, la Coupe du monde de football au Brésil et le Ramadhan. Il reste beaucoup de travail à faire. [email protected]