«Celui qui cache son secret est maître de sa route.» Proverbe arabe (1re partie) Le réveil est douloureux pour l'audiovisuel algérien privé. Alors qu'on fête la Journée de la liberté de la presse, on se retrouve à faire le bilan d'un audiovisuel privé morne et incapable de s'imposer dans le paysage médiatique national. Avant l'adoption de la loi sur l'audiovisuel, le paysage télévisuel algérien privé était composé d'une quinzaine de télévisions Echourouk TV, Ennahar TV, EL Djazairia TV, Dzair TV, Hogar TV, Djurdjura TV, Numidia News, Samira TV, KBC, El Bilad TV, El Adjwa TV, Wiam TV, Beur TV et l'Index TV. Seulement voilà, la présidentielle est passée par là et certaines chaînes ont laissé des plumes. Atlas TV a fermé officiellement, pour manquement à la procédure réglementaire et officieusement, pour des raisons politiques. Dzair TV, la télévision de Haddad a dû fermer deux de ces émissions les plus populaires, car elles ne cadraient plus avec la ligne éditoriale de la chaîne: Controverse et System DZ. L'autre média financé par Haddad, Wiam TV, chaîne officiellement dédiée à la campagne électorale de Bouteflika, va se transformer en télévision d'information continue. KBC qui s'est présentée comme la digne représentante de la ligne d'information d'Al Jazeera est transformée avant l'heure en chaîne de divertissement avec des émissions courtes copiées sur des concepts déjà utilisés comme, Faites rentrer l'accusé» ou encore SAV (Service après-vente), l'émission de divertissement de Omar et Fred de Canal+, qui a été reprise par des anciens pensionnaires de Djornane Gosto d'El Djazairia TV, Mohamed Khassani et Nassim Haddouche et dirigé par l'ex-interprète de Zabana, Imed Benchenni. Sur le plan politique, les deux chaînes concurrentes privées, Ennahar TV et Echourouk TV continuent de se faire la guerre des images. Hier par exemple, Echourouk TV avait invité Zahia Benarous pour parler de liberté d'expression, or celle-ci avait face à elle un très bon connaisseur du dossier de la communication: l'ex-ministre de l'Information, Azzedine Rehabi. L'ancienne présentatrice du JT de 20h devenue sénatrice depuis, a été finalement malmenée sur le plateau d'Echourouk TV et n'a dû son salut qu'en passant sur l'émission de Ennahar TV, Qahwa oua Djornane pour rattraper son retard et son humiliation de ne pas avoir les moyens de se défendre. Entre Echourouk TV et Ennahar TV, la concurrence médiatique se poursuivra encore et toujours. Même si Ennahar TV a su adapter sa position sur le plan politique. Elle a été la seule télévision privée à diffuser les images de la prestation de serment du président Bouteflika avec un léger différé, concurrençant l'Entv. De son côté, Echourouk TV a commis un affront audiovisuel en diffusant sans autorisation le film Carnaval fi dechra, de Mohamed Oukaci, la veille de la présidentielle du 17 avril. Une affaire qui a failli provoquer un grand incident politique en l'absence d'une autorité de régulation, puisque la télévision nationale qui est le producteur exécutif du film de Mohamed Oukaci, a envoyé un huissier pour constater les faits et entamer une procédure judiciaire légale. Cette guerre audiovisuelle à fleurets mouchetés se poursuivra jusqu'au Ramadhan, avec des vertes et des pas mûres dans la production et la diffusion. (A suivre) [email protected]