La portée universelle de l'oeuvre d'Assia Djebar a été mise en relief, lundi à Oran, lors d'un colloque international dédié à cette grande figure de la littérature algérienne. Près de 50 universitaires algériens et étrangers participent à cette rencontre qui se tient deux jours durant à l'initiative du Laboratoire de recherche en langues, discours, civilisations et littératures (Ladicil) de l'université d'Oran. «Assia Djebar: le parcours d'une femme de lettres. Littérature, résistance et transmission», constitue le thème générique de cette manifestation scientifique qui a pour objectif de «promouvoir l'oeuvre de cette grande romancière en Algérie», ont souligné les organisateurs. «La présence à ce colloque d'une vingtaine de chercheurs venus des cinq continents est un indicateur supplémentaire de la notoriété mondiale d'Assia Djebar dont le corpus est déjà traduit en 23 langues», a indiqué Mme Fatima Grine-Medjad, directrice du Ladicil et présidente du comité d'organisation. «Assia Djebar a énormément contribué à l'écriture de l'histoire, de la mémoire et de la lutte de Libération nationale en rendant hommage aux femmes combattantes», a fait valoir Mme Grine-Medjad qui s'attelle, avec son équipe, à l'élaboration d'un ouvrage consacré à la grande romancière. Le rayonnement international de ce grand nom de la littérature algérienne a été également mis en avant par les participants, à l'instar de Mme Seza Yilancioglu de l'université de Galatasaray (Turquie), notant que «chez Assia Djebar, l'écriture devient le moteur de l'histoire». «Il y a une fusion étroite entre l'auteur (Assia Djebar) et ses personnages», a observé l'intervenante turque en s'appuyant sur le roman L'Amour, la Fantasia (1985) où «l'écrivaine décrit intelligemment la condition de la femme face au système colonial». De son côté, Mme Kirsten Nusung, de l'université de Linné (Suède) s'est penchée sur le livre La Femme sans sépulture (2002) pour mettre en exergue «la technique d'Assia Djebar consistant à fictionnaliser les témoignages pour mieux intégrer l'histoire dans la mémoire collective». La rencontre a été aussi marquée par la participation de Mme Kiyoko Ishikawa, une traductrice des écrits d'Assia Djebar en japonais, qui a proposé une communication sur La Soif, le premier livre de la romancière algérienne écrit en 1957. Le colloque a réuni une nombreuse assistance composée d'étudiants et chercheurs de différentes universités du pays, à l'instar de Mohamed Daoud, directeur de l'Unité de recherche sur la culture, la communication, les langues, les littératures et les Arts (Ucclla), basée à Oran. «Assia Djebar mérite l'hommage qui lui est rendu à travers ce colloque, sachant que cette grande écrivaine algérienne constitue au plan culturel une fierté pour le pays et le monde arabo-musulman», a estimé M.Daoud. Née le 30 juin 1936 à Cherchell, Assia Djebar a, à son actif, plusieurs prix littéraires décernés dans différents pays européens, aux Etats-unis d'Amérique et au Canada. Elle a été nominée en 2004 pour le prestigieux prix Nobel de l'Académie suédoise, avant d'être élue, en 2005, à l'Académie française.