Une escroquerie qui a roulé pas mal de citoyens le commun des mortels pouvait vendre son véhicule au prix fort, à la condition d'attendre 45 jours pour être payé. La nouvelle était sur toutes les lèvres. Partagés entre convaincus que c'est un aboutissement normal d'une affaire douteuse et ceux qui pensent que c'est un complot contre la Sarl, les gens sont sûrs que le Fondateur n'est pas seul dans cette affaire qui a brassé des milliards de dinars. La justice est saisie pour éclairer les lanternes du simple citoyen. L'histoire peut faire l'objet d'un film à la Hitchcock avec comme titre «Panique sur la ville». Le suspense et la panique se sont emparés des citoyens qui ont engagé des transactions avec le fondateur de la Sarl El Waâd Essadek. La déclaration du directeur du commerce de la wilaya à un confrère dans un quotidien national est venue tel un couperet confirmer ce qui se disait quant à la régularité et des objectifs de cette société. Sortie de l'anonymat grâce à des transactions qui défiaient toute loi économique, la Sarl et ses avantages ont vite fait le tour des marchés au niveau national. Même lors du Salon international de l'automobile, les discussions tournaient autour de ce marché de Sour El Ghozlane où le commun des mortels pouvait vendre son véhicule au prix fort, à la condition d'attendre 45 jours pour être payé, et acheter ce même véhicule à un moindre prix, mais en payant cash. Sur les documents de vente ne figurent que le vendeur et l'acheteur lorsque l'argent est remis à la Sarl. Le directeur du commerce annonce l'envoi du dossier à la justice. Cette décision est perçue différemment. Les victimes voient là une seconde affaire Khalifa. «Pourquoi l'a-t-on laissé faire pour venir aujourd'hui parler de non-conformité avec la législation. Où était la direction du commerce, le ministère quand avant l'élection présidentielle, Moulay vendait et achetait sans crainte et au sus et au vu de tout ce beau monde?», s'interroge une victime qui a «légué» deux véhicules 4x4 à la Sarl et qui a failli céder sa villa n'était un malentendu sur les délais de payement. Les victimes sont nombreuses et les cas difficiles à sérier. Unanimement, les commentaires se recoupent et ont pour dénominateur commun: comment un simple citoyen s'est propulsé sur les devants de la scène sans qu'aucune autorité ne daigne bouger le petit doigt? A cet étonnement, nombreux pensent et sont convaincus que derrière cette Sarl, des hommes hautement placés tirent les ficelles. Cette appréhension est confirmée par le fait que le ministère du Commerce par le biais de son directeur général du contrôle économique avait mis en demeure la Sarl, le 18 janvier pour mettre en conformité ses documents. «Pourquoi ce ministère n'avait pas approfondi son investigation et poser des gardes-fous pour sauver les clients qui restent les seuls perdants dans ce scandale, le énième en Algérie.» Depuis son lancement en 2013, la Sarl a été un pourvoyeur d'emplois et par ricochet un moyen de calmer la contestation populaire surtout que Sour El Ghozlane connaissait des événements périodiques initiés par les chômeurs à l'image des travailleurs de l'Enad renvoyés. Depuis la mise en place du marché de voitures, la tension a sensiblement diminué. Election présidentielle oblige, tout le monde a fermé les yeux et laissé les choses se dérouler. L'appât du gain facile aidant, les citoyens se sont empressés pour profiter. La Sarl s'est arrangée pour être réglo au début, une manière d'appâter les vendeurs et les clients. L'annonce de la faillite et la réaction retardée de l'administration ont semé la panique parmi ceux qui attendent de récupérer leurs biens. En attendant le dénouement, et à la question de savoir comment le fondateur de la Sarl est arrivé à duper tout ce beau monde, certains attribuent ce pouvoir à des forces surnaturelles. Ce que les lois économiques n'ont pas pu définir est expliqué par le charlatanisme.