L'équipe d'Abada, en guise de riposte, bat dès à présent le rappel de ses troupes. Alors que les fuites se font très discrètes à propos de la rencontre, ultime, qui a pu avoir lieu mercredi passé entre Abdelkrim Abada et Abdelaziz Belkhadem, ce dernier n'a pas laissé traîné les choses depuis son retour à Alger. Mercredi soir, en effet, il a réuni les membres du bureau national du mouvement de redressement. La rencontre, qui s'est achevée à une heure avancée de la soirée, a débouché sur un communiqué dans lequel il est annoncé la mise en place de la commission nationale de préparation du 8e congrès du FLN, dit rassembleur, dès cette semaine. Cette commission, que présidera Abdelaziz Belkhadem en personne, sera composée des membres du comité central issu du 7e congrès. Elle sera également élargie à des membres des instances mises en place par toutes les assises précédentes, mais aussi par des personnalités dont les noms n'ont pas encore été rendus publics. Le coordonnateur national du mouvement de redressement, dans son communiqué, annonce dans ce sens que «les membres choisis en seront informés ultérieurement», c'est-à-dire dès le début de cette semaine puisque la cérémonie de mise en place de cette commission, attendue pour jeudi prochain, croit-on savoir, verra la présence de l'ensemble de ses membres. Cette décision, indiquent les observateurs, vient sceller la rupture définitive avec le fameux groupe des douze conduit par Abada, représentant les anciens pro-Benflis. Ainsi, aucune concession ne sera accordée concernant les fameuses cinq conditions qui avaient été imposées par le mouvement de redressement au lendemain de l'écrasante victoire de Bouteflika à la présidentielle d'avril 2004. Il s'agit, principalement, du retrait de tous ceux qui se sont rendu coupables d'atteintes aux symboles de l'Etat, du retour à la situation organique qui prévalait avant que Benflis ne prenne le contrôle du parti et d'adopter le programme politique du président de la République. Les principaux animateurs du mouvement de redressement refusent toutefois qu'on les accuse de faire dans l'exclusion. «Ceux qui sont concernés par ces mesures, et qui ont le droit de faire partie de la commission, peuvent venir, mais individuellement et non pas en tant que structure. Ils n'auront pas le droit de jouer des rôles importants en attendant que les urnes tranchent en toute transparence et souveraineté lors du congrès», nous dit-on en effet. La direction provisoire du FLN, qui gère les affaires courantes du parti, a elle-même, dans une motion politique à l'issue de la réunion du comité central, décidé de recourir au même procédé expéditif, en mettant en place sa propre commission nationale de préparation du congrès. Abada, selon des sources qui lui sont proches, ne désespère quand même pas de trouver une issue favorable et qui soit consensuelle pour les deux camps. L'équipe que dirige Abada en compagnie de Djeghaba et Hadjerès n'en refuse pas moins dans le fond et dans la forme les cinq conditions qui leur ont été imposées par les redresseurs lors de la série de rencontres qui ont eu lieu durant le mois dernier. Conscients que tout conflit ouvert risque d'être fatal au FLN dans sa position de premier parti politique du pays, il semble que des concessions de taille soient en passe d'être faites comme il est ressorti de la rencontre, jeudi, qu'a eue Abada avec les mouhafedhs d'Alger. En tout état de cause, cette semaine s'annonce décisive dans le début de règlement de la crise qui secoue le FLN depuis plus de deux années.