Le risque est grand de voir les sièges de nouveau attaqués dans les prochains jours. La motion politique, rendue publique dans la nuit de vendredi à samedi, par le comité central issu du 7e congrès du FLN ne laisse guère de doute sur la voie choisie par la commission transitoire chargée de gérer les affaires courantes du parti que préside Abdelkrim Abada. Les 162 membres, sur les 243 que compte cette instance, ont délégué les pleins pouvoirs au fameux groupe des 12, dont sont membres Djeghaba et Hadjerès, afin de mettre en place, dans les plus brefs délais, la commission de préparation du 8e congrès. Celle-ci, comme on peut le lire dans le document étalé sur trois pages, «sera composée des membres de ce comité central». Elle sera élargie aux instances issues des autres congrès, mais aussi de l'ensemble des personnalités militantes pouvant contribuer à désamorcer la crise. Curieusement, la même démarche est suivie par l'autre camp. Un de leur leader, Abdelhamid Si Afif, annonce la naissance de la même commission dans le courant de cette semaine, avec la même composition humaine. Cela sous-entend que les deux parties, qui se disputent le contrôle du FLN, suivent le même cheminement et que les seules divergences qui ont provoqué la rupture sont liées aux fameuses cinq conditions qu'Abdelaziz Belkhadem avait soumises à Abdelkrim Abada immédiatement après la réélection de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. Si la référence au 7e congrès reste la seule valeur sûre pour le camp d'Abada, lequel se base sur la décision venue annuler les assises suivantes, il en va tout autrement pour les redresseurs. Ces derniers, tout en maintenant que la composition de la commission du congrès sera composée en grande partie du comité central issu de ce congrès, n'en ajoutent pas moins que la référence, dans l'état actuel des choses, demeure le mouvement lui-même, que dirige Belkhadem, ainsi que les coordinateurs mis en place en parallèle des mouhafedhs et des responsables de kasmas partout à travers le territoire national. Pour Si Afif, «les autres sont déjà finis», même si rien n'est prévu pour contre-attaquer avant la fin de la semaine, au retour de Belkhadem qui convoquera sans doute une réunion du bureau de coordination du mouvement de redressement. Au regard des divergences de vue qui séparent les «ténors» du mouvement, il semble que Belkhadem soit le seul qui puisse encore rassembler tous ces membres afin de dégager une démarche commune et relativement consensuelle. Outre la mise en place de la commission de préparation du 8e congrès, il pourrait être question, au regard de la tournure que prennent les évènements, de tenter de nouveau de récupérer par la force les sièges du parti. Les anciens pro-Benflis, qui savent qu'une dure bataille se prépare au regard du soutien clairement affiché qu'apporte le chef du gouvernement à leurs adversaires, s'attendent à des rebondissements dès les tout prochains jours. Prenant dès à présent les devants dans leur motion politique, partant du principe que la référence reste la direction issue du 7e congrès dont ils disposent du mandat, compte entamer les démarches requises en vue de débloquer les comptes et les biens du parti gelés aux quatre coins du pays. La bataille autour de ces moyens colossaux, nerf de la prochaine guerre, n'aura d'égale que la course à la mise en place des deux commissions parallèles, chargées toutes deux de préparer un seul et même congrès. Les divergences entre les deux camps s'appesantissent également sur la date du congrès. Les redresseurs souhaitent sa tenue pour le 5 juillet prochain, les autres, qui trouvent ce délai trop court au regard de la gravité de la crise dont les ramifications n'ont pas épargné les structures locales, souhaitent que le congrès rassembleur ait lieu à l'occasion du cinquantenaire de ce parti, soit le 1er Novembre prochain. Mais, tant que la riposte des redresseurs ne sera pas connue, que cette rupture consommée n'aura pas donné lieu aux «répliques» devant en résulter, toutes ces considérations ne dépasseront guère le stade de la simple théorie.