L'objectif d'Abdelkrim Abada serait de se faire élire au poste de secrétaire général du FLN. Le responsable du fameux groupe des Douze, Abdelkrim Abada, a réuni hier les mouhafedhs des wilayas, en prévision de la tenue de la rencontre du comité central du FLN, prévu pour ce jeudi. Il est curieux de relever que toutes ces activités ont lieu au moment où Abdelaziz Belkhadem se trouve en mission à l'étranger. Après sa participation au Forum méditerranéen, le ministre des Affaires étrangères algérien, également chef de file de l'ancien mouvement de redressement, est attendu en Espagne pour une visite officielle. C'est pour cette raison, du reste, que les membres les plus influents du bureau national de ce mouvement, dont de nombreux ministres, qualifient les deux rencontres en question de «non-événement». Joint hier par téléphone, Abdelhamid Si Afif, «vétéran» du mouvement de redressement, nous a indiqué, en substance qu'«il est pour le moins regrettable qu'Abada réunisse les dirigeants de structures, les mouhafadhas en l'occurrence, dont la légalité a été remise en question sur décision de justice rendue au nom du peuple algérien». Si Abada s'est refusé à faire le moindre commentaire, se contentant de souligner que la session du comité central ayant été laissée ouverte, il était normal que cette structure soit convoquée de nouveau, les spéculations sont allées bon train du côté du camp des redresseurs. Un appel pressant est ainsi lancé à l'ensemble des membres de ce comité central afin de ne pas répondre à cette convocation. Dans le même temps, les dirigeants du mouvement de redressement, y compris les ministres, soulignent que «la manoeuvre d'Abada vise avant tout à se repositionner face à la réussite fulgurante du processus de réunification des rangs». Nous apprenons, à ce propos, que les rencontres, qui ont toujours lieu au sein des sièges des mouhafadhas aux quatre coins du pays, cela en présence des émissaires de Belkhadem, recueillent l'adhésion de tout le monde. C'est pour cette raison, nous dit-on, que la conclusion est que «les militants de la base, qui soutiennent intégralement Belkhadem dans sa démarche réunificatrice, estiment que la crise réside plutôt au sommet du parti où certaines manoeuvres drivées par ceux qui font tout pour se replacer, visent à torpiller le plan de réconciliation sur lequel les deux parties s'étaient initialement entendue». A ce sujet, il convient de rappeler qu'au lendemain de la démission de Benflis et de la mise en place du groupe des Douze, une rencontre avait eu lieu entre Belkhadem et Abada, durant laquelle il avait été décidé que si les redresseurs renonçaient à une bonne partie de leurs revendications initiales, au demeurant satisfaites par la justice, il était nécessaire que les deux groupes dissolvent leurs structures respectives au seul profit de la commission de préparation du 8e congrès, dit rassembleur. Si les redresseurs l'ont immédiatement fait, il n'en a rien été pour le groupe des Douze, dont les dirigeants ont souligné que la chose leur était impossible pour la simple raison que c'est le comité central qui a procédé à cette désignation. Demeuré en session ouverte, il lui appartient donc de se réunir de nouveau dans le but de procéder à cette dissolution. C'est du moins ce qui est «suggéré» à demi-mot par les anciens pro-Benflis qui, nous dit-on, cherchent à l'aide de ce prétexte, à faire le plein parmi les quelque 250 membres de cette structure. Or, s'indignent des redresseurs contactés hier, «tous les indices concourent à démontrer qu'il en ira tout autrement. Dans le cas où le groupe sent qu'il a le vent en poupe, il procédera tout simplement à l'élection d'un bureau politique et d'un secrétaire général. Dans le cas contraire, il se contentera d'un simple renouvellement de confiance au groupe, tout en maintenant le comité central en session ouverte». En attendant jeudi, dans un climat extrêmement tendu même si les préparatifs pour la tenue du congrès vont toujours bon train, les redresseurs, apprend-on, «préparent une fulgurante riposte dont l'intensité dépendra des résultats de la réunion de ce comité central». Il semble, à la lumière de ces énièmes rebondissements que, même si la crise donne l'air de s'exacerber, elle n'en aborde pas moins sa dernière ligne droite, puisque dans tous les cas de figure, l'épilogue de ce conflit, qui n'a que trop duré, sera connu avant la fin de cette année.