Les Russophones ukrainiens ont voté massivement, pour l'indépendance de l'Est de l'Ukraine. L'Ukraine risque ainsi d'être amputée, dans les prochains jours et semaines - que Kiev ou l'Occident ne reconnaissent pas le vote ne change rien à l'affaire - de la région russophone. Est-il encore temps de se demander comment ce pays en est arrivé à ces extrémités? N'est-ce pas voulu, sinon programmé? Qui doit assumer cette responsabilité devant les Ukrainiens et l'Histoire? Les faits sont têtus! Le 22 février 2014, un coup d'Etat parlementaire a renversé le président Viktor Ianoukovytch, après trois mois de manifestations menées par des néonazis et des fascistes ukrainiens se réclamant de l'Occident, qui prirent le pouvoir à Kiev. Le nouveau gouvernement d'extrême droite est aussitôt reconnu par cet Occident Le mouvement «Euromaidan» ne cachait pas ses accointances avec l'Occident, espérant en récolter les dividendes. Ce qui fut le cas avec le défilé à Kiev d'une théorie d'hommes politiques occidentaux, à leur tête le vice-président américain, Joe Biden. Avec le basculement de l'Ukraine dans le giron de l'Occident, ce sont les Etats-Unis et l'Otan qui renforcent leur hégémonie sur l'Europe. Mauvais calcul car les nouveaux maîtres à Kiev n'ont pas tenu compte des sentiments de leur population russophone de l'Est. Aussi, les choses ne se sont pas passées aussi aisément que prévu et ont pris une tournure qu'aucun stratège occidental n'a envisagé et encore moins imaginé: la dislocation de l'Ukraine. En effet, la réaction n'allait pas tarder qui voit la Crimée proclamer son indépendance et son rattachement à la Russie. Ce qui, bien entendu a provoqué la plus grave crise diplomatique depuis la fin de la Guerre froide avec la Russie accusée de soutenir les séparatistes. Or, l'Occident a appuyé on ne peut plus officiellement le mouvement putschiste ukrainien. En fait, l'éventuelle dissolution de l'Ukraine est avant tout due aux aventuriers de l'extrême droite ukrainienne et aux manoeuvres de l'Occident qui travailla au détachement de l'Ukraine de l'orbite russe. Or, le résultat, au regard de ce qui se passe sur le terrain est contraire aux espoirs fondés par le passage de l'Ukraine à l'Ouest. Il est fatal pour l'Ukraine et l'Occident en général. Dès lors, si la disparition de l'Ukraine en tant qu'Etat se confirme, ce n'est certes pas à la Russie qu'il faut en faire porter la responsabilité. Depuis l'effondrement du bloc communiste, l'Occident n'a cessé d'oeuvrer à la restructuration de la carte géostratégique mondiale. C'est encore en Europe que les effets de ce «remodelage» de la carte géographique du monde sont le plus avérés avec l'avènement de six Etats issus de la désagrégation de la Yougoslavie et du partage de l'ex-Tchécoslovaquie en deux Etats, que les Européens se hâteront d'avaliser. Des reconnaissances qui ont précipité la désintégration de l'ex- Yougoslavie. La Serbie subira également le diktat de l'Union européenne, qui accorda une reconnaissance suspecte à la province séparatiste du Kosovo en tant qu'Etat indépendant. Un «Etat» non reconnu par la communauté des nations. Mais des pays européens, telle l'Espagne, ont rejeté cet édit qui pouvait induire des retombées négatives sur l'unité des pays européens. L'Occident en cherchant à conforter son hégémonie a en fait ouvert la boîte de Pandore, dont plus personne ne sait ou cela pourrait conduire et à quels aléas elle va mener. Mais pas que cela, c'est encore l'Occident, à sa tête les Etats-Unis, qui encouragea la scission du Soudan du Sud, avec les retombées sanglantes qui s'en sont suivies. La balkanisation de certaines régions du monde en petit Etats ethniques, fondés sur le communautarisme et la religion, pour mieux les contrôler, est une stratégie qui à terme verra la disparition des Etats nations. C'est l'objectif que se sont assignés les Etats-Unis, du moins, pour le monde arabo-musulman, par l'initiative dite du «Grand Moyen-Orient (GMO) qui prévoit de redessiner la carte du Moyen-Orient en plusieurs Etats confessionnels et ethniques. Ce que Washington a d'ailleurs commencé à mettre en place en Irak. La guerre imposée à la Syrie poursuit le même but. Un Monde arabe de 350 millions d'habitants reste peu maniable. Ce n'est pas le cas d'une pléthore de petits Etats fragmentés et divisés qui seront tout «heureux» de la «protection» d'«Uncle Sam». Dès lors, que l'Occident cesse de pousser des cris d'offraie alors qu'il est le premier responsable du chaos et de la division où se trouve le monde. Si l'Ukraine est désintégrée, les Etats-Unis et l'Union européenne en portent la grande responsabilité. C'est surtout celle-là la réalité.