Alors qu'il avait initialement refusé d'envisager tout échange entre des détenus islamistes et les 223 lycéennes otages, le gouvernement nigérian s'est dit mardi soir «ouvert au dialogue». Les quelque 200 lycéennes enlevées au Nigeria par Boko Haram entamaient hier leur deuxième mois de captivité, alors que les Britanniques ont proposé une nouvelle aide aux autorités désormais prêtes à négocier avec les ravisseurs islamistes. «Nous avons proposé au Nigeria une assistance supplémentaire», a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron, alors qu'une dizaine d'experts du royaume sont déjà arrivés sur place en fin de semaine dernière. Cette nouvelle aide britannique comprend «un avion de reconnaissance, une équipe militaire destinée à intégrer le Quartier Général de l'armée nigériane ainsi qu'une équipe qui se joindra aux experts américains qui analysent les informations relatives à la localisation des jeunes filles», selon M. Cameron. Les Etats-Unis et la France ont également déjà envoyé des équipes d'experts au Nigeria. Des avions espions américains survolent déjà le nord-est du pays. Alors qu'il avait initialement refusé d'envisager tout échange entre des détenus islamistes et les 223 lycéennes otages - ce que demandait le chef de Boko Haram Abubakar Shekau dans la vidéo montrant les jeunes filles diffusée lundi - le gouvernement nigérian s'est dit mardi soir «ouvert au dialogue». Mais il a dans le même temps demandé au Parlement de voter la prolongation pour six mois de l'état d'urgence en vigueur depuis exactement un an dans trois Etats du nord-est du pays, fiefs du groupe islamiste. La mesure est néanmoins contestée par l'opposition, qui estime qu'elle n'a pas permis, tout en privant la population de liberté, de réduire l'insurrection de Boko Haram. De fait, elle n'a pas empêché la multiplication des attaques dans les trois Etats concernés -Adamawa, Borno et Yobe-, notamment la destruction d'une ville entière à Gamboru Ngala le 5 mai (au moins 300 morts). L'état d'urgence n'a pas empêché non plus les islamistes de frapper dans la capitale fédéral Abuja avec deux attentats à la voiture piégée qui ont fait une centaine de morts en l'espace d'un mois. A Lagos, une nouvelle manifestation en faveur des jeunes filles s'est déroulée sous des trombes d'eau hier. Il y a un mois jour pour jour, Boko Haram enlevait 276 jeunes filles dans leur école de Chibok, situé dans l'Etat de Borno, un des fiefs du mouvement. Plusieurs dizaines d'entre elles sont parvenues à s'enfuir, mais 223 lycéennes restent aux mains du groupe radical. Toutes ont désormais été «identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok», a indiqué mardi le gouverneur de Borno, Kashim Shettima, qui a organisé une séance de visionnage de la vidéo avec les parents. Geste fort de soutien au pouvoir nigérian, le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), le général David Rodriguez, s'est rendu mardi à Abuja, la capitale fédérale, pour «discuter de l'aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que toute la coopération» entre les forces américaines et nigérianes. Un sommet sur la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi à Paris, rassemblant, autour du président français François Hollande, les dirigeants d'au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin. Américains et Britanniques ont également été invités. A Genève, le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a exhorté hier le Nigeria à «employer tous les moyens nécessaires pour obtenir la libération des jeunes filles».