Jusqu'en 1989, 19 météorites ont été recensées sur le territoire national et 150 morceaux ont été récupérés depuis 2005. «Des gendarmes ont été poursuivis pour corruption et jugés par les tribunaux militaires», a affirmé le général Othmani, commandant du 2e commandement régional de la Gendarmerie nationale. «Le sujet a été timidement posé par les universitaires», a-t-il affirmé lors de l'intervention du général au deuxième jour du Colloque national axé sur la contrebande et son impact social et économique sur la société algérienne. Il a indiqué que «des gendarmes des brigades de la sécurité routière dans des compagnies territoriales et des GGF se sont adonnés à la corruption». Pour le premier responsable de la gendarmerie des 12 wilayas de l'Ouest «le fait existe réellement mais loin de constituer une gangrène». Et d'ajouter sur un ton rassurant en déclarant que «le phénomène qui ne s'étend pas verticalement est loin d'être inquiétant». Mais, a-t-il préconisé «il faut dénoncer en utilisant tous les moyens dont le numéro vert». La corruption est donc, de ce fait irrévocable dénoncée par le commun de tous les Algériens. Le colloque de Tlemcen a servi de tribune officielle qui a eu à aborder le sujet dans toutes ses facettes et formes. «Tout objet pouvant être monnayé constitue sujet de contrebande», ont conclu les participants à la rencontre d'Oran. Intervenant jeudi, le Pr Bensalah Mustapha a tiré la sonnette d'alarme en évoquant la contrebande dont font l'objet les météorites découvertes en Algérie par des réseaux de trafiquants. «C'est un patrimoine naturel rare et non renouvelable qui fait l'objet de trafic international par des chasseurs de météorites vu la haute valeur scientifique et marchande de ces objets», a-t-il souligné. Il a rappelé que «la première météorite qui est tombée dans la région de Tamentit (Adrar) en 1390, a été récupérée et transférée en France en 1926». Jusqu'en 1989, 19 météorites ont été recensées sur le territoire national dont principalement le Sud. Les météorites qui constituent une importance capitale dans la recherche scientifique en permettant l'étude et la reconstruction des origines du système solaire, représentent une ressource financière pour les trafiquants. «Un gramme de ces pierres venues du ciel coûte en moyenne 500 dollars américains sur les marchés spécialisés», a indiqué le Pr Bensalah Mustapha, préconisant «la nécessité de lutter contre le pillage de ce patrimoine national en promulguant des lois dans ce domaine et en assurant une formation adéquate aux agents de sécurité (Douanes, Gendarmerie nationale entre autres). Pour l'intervenant «une formation initiée en 2005, qui a regroupé l'Université et le commandement de la Gendarmerie nationale, a permis la récupération plus tard de 150 morceaux de météorite». La contrebande n'est plus un simple fait du hasard, sa mise à plat nécessite un traitement de choc. C'est du moins, la principale recommandation qui a émané des universitaires qui ont, à l'issue des 23 communications exposées, avancé 29 résolutions, toutes portant sur le phénomène de la contrebande. Le Pr Ahmed Touil, de l'université de Tlemcen, a fait la distinction entre «la contrebande fournie», qui s'effectue à petite échelle et par les valises et «la contrebande technique s'opérant à grande échelle et représentant des fausses déclarations sur la valeur et les volumes des marchandises, leurs origines et leur nature». L'intervenant a mis en exergue les profits engrangés par cette activité frauduleuse. «Si l'on se base sur le calcul du Snmg, la valeur marchande d'un gramme de kif traité équivaut à 60 dinars alors qu'une heure de travail dans le circuit formel revient à 140 dinars, d'où l'attrait de ces activités illicites chez les milieux des jeunes désoeuvrés», a-t-il expliqué avant de recommander «un nivellement des prix à l'international des produits pour rendre nuls les gains engrangés». Le chercheur Ayad Mohamed Samir, de l'université de Tlemcen, a présenté une série de propositions pouvant figurer au titre d'une stratégie anticontrebande. Il a souligné la volonté politique de lutter contre ce phénomène, affichée à maintes reprises en diverses occasions. «Toutefois, des mesures pratiques doivent être prises pour donner un contenu concret et plausible à cette volonté», a-t-il estimé. L'intervenant préconise la modernisation des services de Douanes, le renforcement des dispositions préventives locales, le renforcement du soutien social des catégories démunies, la sensibilisation sur les méfaits et les dangers socioéconomiques de la contrebande, la lutte contre la corruption et l'amélioration des conditions de travail et matérielles des fonctionnaires pouvant céder aux tentations des contrebandiers, l'amélioration des conditions de travail des opérateurs et des investisseurs pour les préserver de toute tentative d'opter pour le secteur informel et le renforcement de la coopération sur les plans bilatéral, régional et international.