La justice, dernier recours avant la rupture... Face à ce drame social, l'Etat envisage de dresser une barrière juridique. Le divorce explose. Il est devenu comme une rupture d'un contrat quelconque entre deux. C'est un non-événement pour la plupart des familles touchées par ce phénomène. Pourtant, autrefois, le mariage était une liaison sacrée. Aujourd'hui, le divorce est de plus en plus banalisé. Beaucoup d'interrogations s'imposent autour de ce sujet sensible, notamment la garde des enfants et la pension alimentaire. Cette semaine, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, a indiqué dans sa dernière déclaration que le projet de création d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant la garde des enfants mineurs ne vise pas à encourager le divorce, mais à aider les enfants concernés. «La création d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant la garde des enfants mineurs ne vise pas à encourager le divorce, mais à aider les enfants mineurs lorsque le père n'est pas en mesure ou refuse de verser la pension alimentaire en cas de divorce», avait indiqué la ministre. Mounia Meslem avait, en outre mis l'accent sur la politique de l'Etat qui vise la stabilité, une cohésion au sein de la famille et la protection des enfants. Pour la ministre, le montant du fonds reste parmi les principales préoccupations de l'Etat. «Le montant devant être accordé par le fonds aux femmes divorcées ayant la garde des enfants mineurs correspond à la pension fixée par le juge lors du jugement de divorce définitif», indique la même responsable en dévoilant son refus de l'idée, selon laquelle il s'agirait d'une aide fixe à accorder à toute femme divorcée pour encourager le divorce. Dans le même ordre d'idées, l'avocate Fatma Zohra Benbraham avait indiqué, de son côté, que la création d'une chambre juridique spécialisée dans la réconciliation des conjoints pour trouver des solutions aux conflits matrimoniaux participerait à la réduction du nombre de divorces en Algérie. «Les divorces sont dans la plupart des cas prononcés rapidement sans que les deux parties aient pris le temps de la réflexion, d'où la nécessité de créer une chambre juridique spécialisée dans la réconciliation des conjoints», a précisé l'avocate. Selon Mme Benbraham, plusieurs cas de conflits entre les conjoints auraient pu être réglés sans le recours à la rupture légale, par une simple action de réconciliation. L'avocate a aussi considéré que les divorces étaient prononcés dans un délai rapide de trois mois et que cela n'était pas suffisant pour trouver des solutions en dehors de la séparation définitive. Par ailleurs, elle a proposé à ce titre de passer par la chambre de réconciliation qui prendra le temps nécessaire pour étudier tous les aspects du conflit et proposera des alternatives aux divorces. Abordant le volet de la pension alimentaire, l'avocate suggère de prélever directement des comptes des maris ou de les astreindre à des travaux d'intérêt général, lorsque ces derniers refusent de prendre leurs responsabilités. D'un autre côté, rappelant la décision prise par le président de la République, d'installer une commission chargée de l'élaboration du projet de loi portant création d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant des enfants mineurs. Intervenant récemment, à la cérémonie d'installation de cette commission, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a souligné que «la réalité sur le terrain prouve que les femmes divorcées ayant des enfants mineurs à charge rencontrent de nombreuses difficultés, ce qui a engendré des situations difficiles aux conséquences sociales et psychologiques négatives, non seulement sur la femme divorcée, mais aussi sur les enfants». Après avoir rappelé que l'arsenal juridique relatif à cet aspect prévoit des dispositions juridiques coercitives contre les hommes qui refusent de verser la pension, le ministre a souligné que «cet arsenal est insuffisant pour garantir une prise en charge appropriée de cette catégorie de femmes». Le ministre avait rappelé, en outre, que 12.486 jugements liés aux affaires de la garde des enfants ont été prononcés en 2013 dont 11.120 au profit de la mère et 1056 au profit du père. D'un autre côté, le ministère envisage l'élaboration des études sur certains phénomènes sociaux dont le divorce et sur les causes de la dislocation de la famille. «Le ministère compte mener ces études en coordination avec des partenaires, notamment des associations et des experts», selon la ministre. A travers ces études, le ministère oeuvrera à définir les vraies causes de plusieurs fléaux, comme la violence dans le milieu scolaire et la mendicité tout en préconisant des mécanismes d'aide.