Chuck Hagel, secrétaire américain à la Défense Les Philippines et le Vietnam surtout, mais aussi Taïwan, la Malaisie et Brunei ont des différends territoriaux maritimes avec Pékin, en mer de Chine méridionale. Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, en tournée en Asie du Sud-Est, a accusé hier la Chine d'entreprendre «des actions déstabilisatrices» en mer de Chine méridionale, avertissant que les Etats-Unis ne resteraient pas passifs si l'ordre mondial était menacé. «Ces derniers mois, la Chine a entrepris des actions unilatérales, déstabilisatrices en mer de Chine méridionale», a accusé Chuck Hagel à Singapour lors d'un forum sur la sécurité en Asie-Pacifique, précisant que «les principes fondamentaux de l'ordre mondial ne pouvaient être remis en cause». Les Etats-Unis, tout en ne prenant pas partie dans les différents conflits territoriaux en mer de Chine, «s'opposent fermement à tout recours à l'intimidation, à la coercition, ou menace de la force pour affirmer des revendications», a poursuivi le secrétaire à la Défense à l'attention de la Chine. Il a réaffirmé le soutien de Washington à ses alliés en Asie en appelant à une résolution pacifique des conflits de territorialité, lors de ce forum annuel du Dialogue de Shangri-la qui réunit responsables de la défense, hauts gradés, diplomates et experts en sécurité et auquel la Chine était représentée par une délégation militaire de haut niveau. Les Philippines et le Vietnam surtout, mais aussi Taïwan, la Malaisie et Brunei ont des différends territoriaux maritimes avec Pékin en mer de Chine méridionale. La Chine revendique en effet la quasi-totalité de ce carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial, et réserve potentielle de pétrole, de gaz et d'importantes ressources halieutiques. Les tensions se sont exacerbées ces dernières années alors que Pékin affirmait de plus en plus fortement ses ambitions, qu'il justifie par des droits historiques. Ces tensions se doublent de fortes rivalités avec le Japon, autour d'ilôts situés en mer de Chine orientale, qui empoisonnent les relations entre les deux puissances asiatiques. Chuck Hagel a rappelé à Singapour que Washington était opposé à toute «restriction de survol ou de la liberté de navigation, que ce soit de la part de bâtiments militaires ou civils, de pays petits ou grands». M. Hagel a également accusé la Chine, notamment, de restreindre l'accès des Philippines à l'atoll inhabité de Scarborough - où les pêcheurs philippins ont perdu l'accès aux eaux poissonneuses après une confrontation avec la Chine en 2012 - et d'installer une plate-forme pétrolière offshore dans des zones disputées avec le Vietnam voisin. Jeudi, les Etats-Unis avaient mis en garde Pékin contre ses ambitions en mer de Chine orientale, autre zone disputée, cette fois entre la Chine et le Japon, après que des avions de chasse chinois eurent frôlé des appareils militaires japonais. Le Japon avait accusé dimanche la Chine de manoeuvres «dangereuses» et émis une protestation diplomatique. Selon un porte-parole du ministère japonais de la Défense, un chasseur SU-27 chinois est passé tout près d'un avion de surveillance OP-3C japonais au point de rencontre de leurs zones aériennes d'identification (ZAI) respectives. Un autre chasseur SU-27 chinois a également volé à proximité d'un YS-11EB japonais dans le même espace, selon le ministère. Les relations entre les deux premières puissances économiques asiatiques sont exécrables depuis un an et demi en raison d'un contentieux en mer de Chine orientale avivé par les querelles héritées de l'Histoire. M. Hagel a d'autre part apporté son soutien à la volonté japonaise de jouer un rôle plus important dans le maintien de la sécurité en Asie, à l'heure ou Washington s'inquiète d'un rapprochement entre Pékin et Moscou. Vendredi, lors de l'ouverture du forum, le Premier ministre Shinzo Abe avait déclaré que son pays avait «l'intention de jouer un rôle encore plus actif que celui qu'il joue à l'heure actuelle en faisant que la paix en Asie et dans le monde soit plus solide».