Le chef de l'Etat a lancé sa campagne dans le sud du pays, à Kaédi, en affirmant que depuis qu'il est au pouvoir, la Mauritanie a accompli des «pas de géant» dans les domaines de la sécurité et de l'économie. La campagne pour la présidentielle du 21 juin a débuté hier en Mauritanie, un scrutin boycotté par une grande partie de l'opposition et pour lequel le président sortant Mohamed Ould Abdelaziz, candidat à sa succession, part grand favori. Lorsqu'il a pris le pouvoir par un coup d'Etat en août 2008, M.Ould Abdelaziz, un ex-général qui s'est fait élire pour un premier mandat de cinq ans en 2009, Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) était active en Mauritanie où elle commettait attentats et enlèvements. Sept ans plus tard, la Mauritanie apparaît comme un havre de paix dans la bande sahélo-saharienne, grâce, selon le chef de l'Etat, à «la réorganisation des capacités de l'armée et des forces de sécurité». En 2010 et 2011, l'armée mauritanienne a mené avec succès des raids «préventifs» contre des bases et des unités combattantes d'Aqmi dans le nord du Mali, d'où la branche maghrébine d'Al Qaîda préparait et lançait ses actions en territoire mauritanien. Selon Mohamed Fall Ould Oumeire, analyste politique et directeur du journal La Tribune, «le premier point sur lequel le succès de Ould Abdelaziz est indéniable est bien celui de la sécurité et la stabilité du pays avec l'éloignement du spectre de la menace terroriste». Le chef de l'Etat, président en exercice de l'Union africaine (UA), reste très impliqué dans la résolution du conflit au Mali où, le 23 mai, il a réussi à arracher un cessez-le-feu entre la rébellion touareg et l'armée après une brusque reprise des hostilités à Kidal, dans le nord-est du Mali. Dans le domaine économique, la Mauritanie, vaste pays désertique de 3,8 millions d'habitants bordant l'Océan atlantique, riche en minerai de fer, aux eaux poissonneuses et qui exploite le pétrole depuis 2006, a enregistré en 2013 un taux de croissance de 6%. Le président Ould Abdelaziz se targue en outre d'avoir fait baisser le taux d'inflation à moins de 5%. Mais ces succès n'impressionnent pas ses principaux opposants qui dénoncent la caractère «autoritaire» de son régime et ont appelé à boycotter le scrutin du 21 juin, «une mascarade électorale», organisée selon eux de manière «unilatérale», en dépit de négociations avec le pouvoir sur leur éventuelle participation. Des milliers de sympathisants du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, opposition radicale) ont manifesté mercredi à Nouakchott contre la tenue de l'élection et pour dénoncer «le pouvoir militaire» de l'ex-général Ould Abdelaziz. Le FNDU, qui mise sur un fort taux d'abstention, regroupe les dix partis de la Coordination de l'opposition démocratique (COD), le parti islamiste Tewassoul (16 députés à l'Assemblée nationale), des personnalités indépendantes, des syndicats et des organisations de la société civile. Quatre candidats se présentent néanmoins contre le président sortant, dont une femme de 57 ans, Mint Moulaye Idriss, et Biram Ould Dah Ould Abeid, un militant réputé de la lutte contre l'esclavage qui, bien qu'illégal, reste pratiqué en Mauritanie. Les deux autres candidats sont Boidiel Ould Houmeid du parti El Wiam, et Ibrahima Moctar Sarr de l'Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation (AJD/MR), deux formations politiques de l'opposition dite «modérée».