Les vieux bâtis, un danger permanent pour les citoyens «Nous avons fait de notre mieux pour extirper les malheureux des décombres», a déploré un riverain n'ayant pas pu retenir ses larmes. Une famille entière (un couple trentenaire et ses deux enfants en bas âge) a été décimée par l'effondrement d'un mur d'une hauteur de cinq mètres construit sur un talus rocheux dans le lieudit Ravin blanc, situé dans le quartier des Falaises non loin du siège de la wilaya d'Oran. La catastrophe est survenue sans avertir, très tôt dans la matinée d'hier, très précisément à trois heures du matin lorsque le mur s'est affaissé en chute libre enterrant une famille qui dormait dans sa petite habitation se trouvant en contrebas de la falaise. Un bruit assourdissant qui a vite fait de réveiller les riverains qui sont intervenus en vue de sauver les victimes. En vain, les corps des quatre personnes ensevelies ont été retirés par les éléments de la Protection civile. Le père a succombé sur le champ tandis que les trois autres membres de la famille ont rendu l'âme après avoir été évacués vers les services hospitaliers. «Nous avons fait de notre mieux pour extirper les malheureux», a déploré un riverain n'ayant pas pu retenir ses larmes à l'approche des journalistes. Et d'ajouter, en affirmant que «nous n'avons rien pu faire, vu les tonnes de débris qui se sont entassés des suites de l'effondrement du mur». Sur sa lancée, il dira: «Ecrivez dans vos journaux que nous sommes tous condamnés à mourir de la sorte, enterrés vivants», a-t-il ajouté. La tragédie a vite fait de circuler comme une traînée de poudre, plongeant ainsi les habitants d'Oran dans l'émoi et la désolation. «C ́était horrible! Nous vivons l ́horreur.» Ces mots reviennent dans la bouche de la quasi-totalité des présents qui ont accouru en vue d'extirper les victimes des décombres. Un autre d'apporter son témoignage en déclarant que «je n ́ai pas vraiment vu la séquence, mais ce que j ́ai vu est indescriptible». La construction du mur ayant chuté librement remonte à l'époque coloniale. Les autorités locales, accompagnées du wali d'Oran, se sont rendues sur les lieux du drame où plusieurs mesures ont été prises sur le champ comme l'évacuation immédiate des familles y résidant et la mise en place d'une commission de recensement devant prendre en compte la détresse des autres familles occupant le site. Cet autre effondrement qui a endeuillé la ville d'Oran, nous rappelle celui survenu le mois de novembre 2007 lorsque trois femmes de la même famille ont été ensevelies par un écroulement de deux dalles dans le quartier populaire d'El Hamri. La ville d'Oran n'est plus cette belle carte postale aux couleurs chatoyantes, derrière le front de mer se dresse un géant front de misères et d'indigence. En effet, plusieurs milliers d'habitants d'Oran sont en sursis, étant donné que leurs habitations menacent de s'effondrer à tout moment. El Bahia est amochée, aussi bien par le laxisme, le laisser-aller et les lenteurs des procédures de prise en charge devant émaner de ses responsables, que par l'absence total du civisme de ses habitants. Sinon, comment interpréter le fait qu'elle compte, selon les chiffres officiels, près de 2000 bâtiments et 54.000 autres habitations classés zone rouge? Leur effondrement peut être provoqué par le petit changement climatique. Les habitants des quartiers populaires comme Derb, Sidi El Houari, El Hamri, Plateau, Bel Air, Gambetta sont sur le qui-vive permanent puisqu'ils vivent au rythme d'une panique inextricable à la moindre pluie ou au petit coup de vent. L'hiver inquiète au plus haut niveau, aussi bien les autorités locales, que les populations qui ne trouvent rien de mieux pour atténuer leur crainte que de transformer les rues d'Oran en un véritable oasis en plein centre urbain, en dressant des dizaines de tentes et autres abris de fortune.