Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale ambitionne de créer d'ici à 2009 deux millions de nouveaux postes d'emploi sans «en perdre aucun». Le défi a été lancé par M.Ould Abbas, ministre de la tutelle, lors de l'installation, hier au siège du ministère, de la Cellule nationale d'animation et d'évaluation des programmes de l'emploi. Ont été conviés à ce rendez-vous les cadres de tous les ministères pour un travail «plus concerté». Avec le lancement de cette initiative, Ould Abbas aspire amortir le taux de chômage, actuellement à 23%, à 11%. «En ma qualité de ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, à travers le dispositif que je propose aujourd'hui, j'ai voulu apporter ma contribution pour faire émerger un cadre de coordination devant nous permettre de faire du prochain quinquennat 2005-2009, le quinquennat de l'emploi. Nous n'allons ménager aucun effort pour faire baisser le taux du chômage de 10 points», a-t-il dit lors de sa communication. Tout en reconnaissant les difficultés pouvant se dresser devant ce programme ambitieux - particulièrement l'accroissement du marché de l'emploi informel - Ould Abbas s'est dit «confiant» quant à sa concrétisation effective. A cet effet, il a fait savoir que le programme du président de la République pour la relance économique sera chevauché par un programme de soutien à la croissance de l'emploi. Ainsi, tous les ministères auront un rôle primordial à accomplir en créant le maximum d'emplois, parallèlement à l'initiation de chantiers d'envergure. Du coup, il est attendu de chaque département d'alimenter le marché du travail - auquel se grefferont 1,5 million nouveaux demandeurs d'ici à 2009 - en fonction des projets pris en charge. Dans cette optique, le secteur de l'habitat est le plus ciblé. «Avec l'objectif décidé par Monsieur le président de la République de construire 1 million de logements durant la période 2004-2009, on peut aisément prévoir le volume des emplois à créer durant cette période. En retenant le ratio de 1,8 travailleur par logement construit, ce sont 360.000 qui seront créés par le secteur de l'habitat», a affirmé Ould Abbas. Ce dernier a enchaîné, s'agissant des autres secteurs que «les travaux publics qui concentrent l'essentiel des projets relevant du premier Psre, le transport, les ressources en eau, la formation et l'enseignement professionnels, représentent aussi des secteurs dont l'impact sur la création d'emplois et l'amélioration des qualifications, sont des atouts dans la gestion du marché de l'emploi». Interrogé sur la stratégie de la cellule en vue de lutter contre les emplois informels, le ministre a précisé que le chef du gouvernement sera destinataire mensuellement de bulletins d'information contenant toutes les infractions constatées. Cela d'une part. D'autre part, le ministère de tutelle, à en croire le ministre, «veillera à ce qu'un recrutement ne se fasse pas sans le feu vert de l'Anem (l'Agence nationale de l'emploi). L'employeur ne peut prendre d'initiative personnelle que dans le cas où l'agence ne satisfait pas sa demande au bout de 15 jours». Mais, concernant cet aspect, il est fort à craindre que quelle que soit la détermination ministérielle, la situation ne saurait se normaliser. En fait, sur les 180.000 PMI-PME existantes, seulement 621.000 salariés sont déclarés, alors qu'au minimum ils devraient être au nombre de 1.8000.000. Selon le ministre, cette «terrible plaie» a mûri dans le terreau de la négligence communicationnelle tout en indiquant que le gouvernement dispose d'«atouts nécessaires» lui permettant de sortir de ce carcan. Ceux qui en doutent, il les renvoie aux 42.942 demandeurs recrutés dans le cadre du CPE (contrat préemploi) ainsi que les 30.000 locaux qui vont être prochainement loués aux jeunes chômeurs à des prix raisonnables.