Les jihadistes qui ont pris plusieurs villes et provinces dans l'Est, l'Ouest et le Nord de l'Irak, avançaient hier sur trois axes vers la capitale Présents à moins de 100 km de Baghdad, les jihadistes avançaient vers la capitale à partir de la province d'Al-Anbar à l'ouest, de celle de Salaheddine au nord et de celle de Diyala à l'est. Les jihadistes progressaient hier sur trois axes vers Baghdad après avoir renforcé leur emprise sur les territoires conquis dans une offensive fulgurante marquée selon l'ONU par des «exécutions sommaires» et qui a poussé les Etats-Unis à envisager une intervention. L'influent grand ayatollah Ali Al-Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite du pays, a appelé les Irakiens à prendre les armes contre les combattants aguerris du groupe radical sunnite de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Le gouvernement a annoncé de son côté la mise en place d'un plan de sécurité pour défendre Baghdad, incluant un déploiement massif de forces de sécurité et un renforcement du renseignement, tout en soulignant que les civils s'étaient portés volontaires pour aider à protéger la capitale. Présents à moins de 100 km de Baghdad, les jihadistes avançaient vers une capitale aux rues quasi-désertes et commerces fermés, à partir de la province d'Al-Anbar à l'ouest, de celle de Salaheddine au nord et de celle de Diyala à l'est. Avec la débandade des forces armées, des milliers de jihadistes ont réussi à prendre depuis mardi Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). Ils contrôlent depuis janvier Fallouja à 60 km à l'ouest de Baghdad. Après l'entrée des jihadistes dans Diyala, l'armée tentait de les empêcher d'avancer jusqu'à son chef-lieu Baâqouba, à 60 km de Baghdad, selon des responsables. D'autres témoins ont fait état de renforts rebelles aux alentours de Samarra (110 km au nord de Baghdad), ville natale d'Abou Bakr al-Baghdadi, le leader de l'EIIL, des préparatifs semblant augurer d'un possible assaut. Désavoué par le réseau Al Qaîda, l'EIIL, qui gravite à la frontière irako-syrienne et ambitionne d'y créer un Etat islamique, est accusé d'exactions- rapts et exécutions- en Syrie voisine, pays en guerre entre rebelles et régime. Face à l'impuissance du pouvoir dominé par les chiites et de son armée à enrayer l'avancée de l'EIIL, le président américain Barack Obama a dit que son équipe de sécurité nationale étudiait «toutes les options», tout en excluant des troupes au sol. Un responsable américain a parlé de possibles frappes menées par des drones. Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a admis que les forces armées s'étaient «effondrées» notamment à Mossoul, alors que l'armée est minée, à l'image du gouvernement, par les dissensions confessionnelles, et ses membres, notamment les officiers, sont accusés de corruption. Au pouvoir depuis 2006, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite honni par les rebelles sunnites et dénoncé comme un autocrate par ses détracteurs sunnites et même chiites, a appelé les tribus «à former des unités de volontaires» pour venir en aide à ses forces. Son gouvernement est paralysé par les divergences entre forces politiques et la minorité sunnite qui l'accuse de la persécuter. D'ailleurs, les jihadistes de l'EIIL ont trouvé un certain soutien parmi la population sunnite dans les régions conquises. Alors que l'un des dirigeants de l'EIIL, Abou Mohammed al-Adnani, a appelé à «marcher sur Baghdad», les habitants de la capitale étaient angoissés face un assaut de ce groupe qualifié de l'un des «plus dangereux au monde» par Washington. Des sociétés américaines travaillant pour le gouvernement irakien dans le secteur de la Défense ont fait évacuer leurs employés américains de la base aérienne de Balad dans la province de Diyala vers Baghdad. Dans la deuxième ville du pays, Mossoul, les jihadistes continuaient de détenir une cinquantaine de citoyens turcs pris en otages au consulat, de même que 31 chauffeurs turcs.