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Les djihadistes s'approchent de Bagdad (Irak) : Washington envisage des frappes aériennes
Publié dans Le Maghreb le 14 - 06 - 2014

Les rebelles djihadistes sunnites ont pris une nouvelle ville en Irak et avançaient vers la capitale Bagdad dans une offensive fulgurante, obligeant le Conseil de sécurité à se réunir jeudi et Washington et à envisager des frappes aériennes.

Cette avancée des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), face à des forces gouvernementales en déroute et un pouvoir chiite impuissant, a poussé environ un demi-million d'habitants à fuir.
Le porte-parole de l'EIIL, Abou Mohammed al-Adnani, a exhorté les insurgés à marcher sur Bagdad et a critiqué le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki pour son incompétence, dans un enregistrement sonore daté de mercredi et traduit par le réseau américain de surveillance des sites islamistes SITE.
Depuis mardi, ces combattants islamistes --exclus du réseau Al-Qaïda car jugés trop radicaux-- se sont emparés, dans le nord du pays, de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, de sa province, Ninive, et de secteurs dans deux provinces proches, Kirkouk et Salaheddine, majoritairement sunnites. Mercredi, ils ont pris Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, et avançaient vers la capitale. Ils ont en outre tenté, en vain, de prendre Samarra, à une centaine de km de Bagdad, selon des témoins.
L'EIIL a en outre pris en otages 49 Turcs au consulat de Turquie à Mossoul, parmi lesquels le consul et des membres des forces spéciales, de même que 31 chauffeurs de poids lourds turcs dans cette province.
Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réunis à huis clos à partir de 11H30 (15H30 GMT) pour discuter de la situation en Irak. L'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Nickolay Mladenov, y interviendra par vidéoconférence.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lancé un appel à la solidarité internationale avec l'Irak.
Il a également réclamé la libération immédiate et sans conditions de la cinquantaine de citoyens turcs pris en otage au consulat de Mossoul.
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a menacé l'EIIL de représailles les plus sévères s'il leur était fait le moindre mal.
L'Iran chiite mais aussi les Etats-Unis ont apporté leur soutien au gouvernement de Nouri al-Maliki face au terrorisme.
Les Etats-Unis soutiendront les dirigeants irakiens alors qu'ils forgent l'unité nationale nécessaire pour remporter le combat contre l'EIIL, a affirmé le porte-parole de la Maison -Blanche Jay Carney dans un communiqué.

Pas de soldats américains renvoyés en Irak
L'Irak a de son côté officieusement indiqué aux Etats-Unis qu'il était ouvert à l'idée de frappes aériennes américaines afin d'enrayer l'offensive jihadiste, a affirmé un responsable américain, confirmant une information du Wall Street Journal.
L'administration du président Obama envisage plusieurs options pour aider Bagdad, éventuellement par le biais de frappes effectuées par des drones, selon ce responsable qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.
La diplomatie américaine s'est défendue d'avoir été prise par surprise, affirmant avoir exprimé depuis des mois ses inquiétudes à propos de la menace terroriste que pose l'EIIL pour toute la région.
En conséquence, Washington se tient prêt à venir en aide à Bagdad face à l'agression de l'EIIL, a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, annonçant une augmentation de l'assistance américaine.
Mais en aucun cas les Etats-Unis n'envisagent de renvoyer des troupes au sol en Irak, selon Mme Psaki, après le départ le 31 décembre 2011 du dernier soldat américain, au terme d'un très lourd engagement militaire des Etats-Unis pendant huit ans.
En 2011, Bagdad et Washington n'étaient pas parvenus à s'entendre sur le maintien d'un contingent américain en Irak et beaucoup s'étaient alors alarmés d'une nouvelle poussée des violences une fois les Américains partis.
Washington a par la suite englouti des dizaines de milliards de dollars pour former et équiper les forces armées irakiennes, celles-là mêmes qui ont visiblement fui devant les jihadistes.

Réunion du Parlement jeudi
L'EIIL, qui ambitionne d'installer un Etat islamique, a prévenu qu'il n'arrêterait pas la série d'invasions bénies. Le groupe contrôlait déjà des secteurs de la province occidentale d'Al-Anbar à la frontière syrienne. Accusé d'abus en Syrie, il y tient de larges secteurs de la province pétrolière de Deir Ezzor (nord-est), faisant craindre une unité territoriale avec le Nord-Ouest irakien.
Symboliquement, le groupe a diffusé mercredi sur internet des photos de djihadistes créant une route entre la Syrie et l'Irak en aplanissant au bulldozer un mur de sable.
Impuissant et miné par des clivages confessionnels, le gouvernement irakien a appelé le Parlement, qui se réunit jeudi, à décréter l'état d'urgence.
Mais face à l'avancée dans le Nord des combattants djihadistes aguerris, soldats et policiers ont montré peu de résistance, le gouverneur de Ninive, Athil al-Noujaïfi, accusant les commandants militaires d'avoir abandonné le champ de bataille.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 500 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur et autour de Mossoul, qui compte habituellement deux millions d'habitants.
A 50 km de Mossoul, des files interminables d'hommes, femmes et enfants attendaient à un barrage kurde pour obtenir un permis de séjour pour passer au Kurdistan autonome.
Arrivée avec sa famille, Zahra Chérif, 39 ans, explique avoir quitté la ville par peur des massacres si l'armée lance un assaut sur la ville pour la reprendre à l'EIIL.
Dans Mossoul, les combattants, vêtus d'uniformes militaires ou de tenues noires, le visage découvert, étaient positionnés près des banques, des administrations publiques et au siège du Conseil provincial, selon des témoins.
Selon des experts, l'EIIL est constitué en grande partie en Irak d'ex-cadres et membres des services de sécurité de Saddam Hussein ayant rejoint la rébellion après l'invasion américaine de 2003.

Les événements illustrent l'échec total des Américains
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé avant-hier que l'avancée des rebelles islamistes en Irak menaçait l'intégrité du pays et illustrait l'échec total de l'intervention américaine et britannique dans ce pays.
Ce qui se passe en Irak est l'illustration de l'échec total de l'aventure qu'ont engagée avant tout les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, et dont ils ont définitivement perdu le contrôle, a déclaré M. Lavrov, cité par les agences.
Il y a 11 ans, le président des Etats-Unis a annoncé la victoire de la démocratie en Irak, et depuis la situation s'est dégradée de façon exponentielle, a-t-il ajouté.
Nous avons averti depuis longtemps que l'aventure lancée par les Américains et les Anglais finirait mal, a-t-il encore déclaré, ajoutant que Moscou ne se réjouissait pas aujourd'hui que nos pronostics se soient avérés, a-t-il dit.
L'unité de l'Irak est en question. Il y a une explosion du terrorisme parce que les forces d'occupation n'ont prêté pratiquement aucune attention aux processus intérieurs, n'ont rien fait pour un dialogue national, a affirmé M. Lavrov.
Deux ans et demi après le retrait des troupes américaines qui étaient entrées en 2003 en Irak, les combattants djihadistes se sont emparés de larges territoires du nord-ouest du pays face à une armée en déroute, et s'approchent de la capitale, Bagdad.
La Russie a régulièrement dénoncé les interventions des Etats-Unis dans le monde, en particulier dans le monde musulman, et a bloqué notamment toute sanction ou velléité d'intervention en Syrie.

Les forces kurdes contrôlent la ville pétrolière de Kirkouk
Les forces kurdes irakiennes ont pris le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk, afin de la protéger d'un possible assaut des insurgés qui se sont emparés cette semaine de larges portions de territoire en Irak, selon des responsables kurdes.
C'est la première fois que les forces kurdes contrôlent totalement cette ville multiethnique située à 240 km au nord de Bagdad, où normalement la sécurité est assurée par une force de police conjointe formée d'éléments arabes, kurdes et turkmènes. Nos forces ont achevé leur déploiement autour de la ville de Kirkouk et nous contrôlons désormais toute la ville, a dit le colonel Fateh Raouf, commandant de la 1ère brigade des Peshmergas (forces de sécurité kurdes). Il a assuré que les forces kurdes ne permettraient pas l'entrée à Kirkouk d'un seul membre de l'EIIL, en allusion aux jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant qui ont lancé une offensive fulgurante mardi, s'emparant de Mossoul, deuxième ville d'Irak, de sa province, Ninive, ainsi que de secteurs des provinces de Salaheddine et de Kirkouk.
Plus tard dans la journée, le colonel Raouf a déclaré que le ministre kurde chargé des Peshmergas, Jaafar Moustafa, avait échappé à un attentat alors qu'il venait d'une visite d'inspection de ses troupes au sud-ouest de la ville de Kirkouk. Un membre des Peshmergas est mort dans l'explosion de la bombe visant le convoi du ministre.
Le gouverneur de la province de Kirkouk, Najmeddine Omar Karim, a de son côté expliqué que les forces des Peshmergas avaient comblé le vide laissé par le retrait de l'armée irakienne de ses positions, aux abords sud et ouest de la ville.
Il a fait état de contacts permanents avec Bagdad. Nous envisageons de récupérer les zones prises par les combattants de l'EIIL, a-t-il ajouté sans plus de précisions et sans indiquer si les forces kurdes avaient eu le feu vert de Bagdad pour prendre le contrôle de Kirkouk.
Kirkouk est le chef-lieu d'une province éponyme, mosaïque ethnique et confessionnelle où cohabitent Kurdes, Arabes et Turcomans, sunnites et chiites, et qui est souvent le théâtre de violences.
Le Kurdistan autonome irakien veut incorporer la ville à sa région, dans le nord du pays, ce que refuse le gouvernement fédéral.
La ville était peuplée pour l'essentiel de Kurdes jusqu'aux années 1950, avant les campagnes d'arabisation menées par Bagdad, lors desquelles des milliers d'Arabes ont été encouragés à s'installer à Kirkouk.

L'Otan condamne la prise d'otages turcs
Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a exigé la libération immédiate de la cinquantaine de citoyens turcs pris en otage la veille au consulat de Mossoul, condamnant fermement cet acte tout en écartant une intervention de l'alliance en Irak.
Je condamne fermement la prise d'otages (...) Nous enjoignons les preneurs d'otages à libérer les otages immédiatement, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Madrid, aux côtés du ministre espagnol des Affaires érangères, José Manuel Garcia Margallo.
Permettez-moi de souligner que je ne vois pas de rôle pour l'Otan en Irak mais nous suivons bien entendu la situation de près et nous appelons toutes les parties impliquées à mettre fin à la violence, a ajouté Anders Fogh Rasmussen.
Les autorités turques nous ont informé, a-t-il précisé en référence à la réunion des ambassadeurs des 28 Etats membres de l'Alliance atlantique tenue mercredi soir au siège de l'Otan à Bruxelles, à la demande de la Turquie.
Les combattants djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui mènent depuis mardi une offensive fulgurante en Irak, ont investi mercredi le consulat turc de Mossoul et pris en otage près d'une cinquantaine de citoyens turcs qui s'y trouvaient, dont le consul, des diplomates de son équipe, des soldats des forces spéciales et trois enfants, avait annoncé un responsable turc.
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a menacé mercredi soir les combattants islamistes des représailles les plus sévères s'ils devaient menacer les otages.


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