La population fuit devant l'avancée des jihadistes en Irak En l'espace de trois jours, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine. Les forces de sécurité irakiennes ont repris aux jihadistes trois villes proches de Baghdad et se préparaient hier à une contre-offensive dans le nord du pays, où de larges territoires ont été conquis cette semaine par les insurgés. Signe de l'inquiétude grandissante de l'étranger face à cette offensive fulgurante, l'Iran, dont les relations se sont récemment détendues avec les Etats-Unis après des années de froid, a affirmé ne pas exclure une coopération avec Washington pour stopper les jihadistes qui ambitionnent de créer un Etat islamique à la frontière irako-syrienne. Le président américain Barack Obama avait dit vendredi étudier «toutes les options», sauf l'envoi de troupes au sol. En l'espace de trois jours, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord), rencontrant très peu de résistance des forces de sécurité. Leur objectif est à présent la capitale, où les rues étaient hier quasi-désertes et les commerces fermés. Alors que le gouvernement a annoncé avoir mis en place un plan de sécurité pour défendre Baghdad, le Premier ministre Nouri al-Maliki, commandant en chef des forces armées, a indiqué que son gouvernement lui avait octroyé des «pouvoirs illimités» pour combattre les insurgés. Sur le terrain, les forces de sécurité et des combattants de tribus ont repris hier aux jihadistes les localités d'Ishaqi et à Muatassam, des villes de la province de Salaheddine proches de Baghdad, a indiqué le général Sabah al-Fatlawi. Un responsable de la police a indiqué que les corps brûlés de 12 policiers avaient été découverts à Ishaqi. Selon des témoins, la police et des habitants étaient déjà parvenus vendredi, un peu plus au sud, à chasser les insurgés de Dhoulouiya, qui avaient mis les jihadistes à 90 km de la capitale. Des renforts de la police et de l'armée, arrivés vendredi à Samarra (110 km au nord de Baghdad), s'apprêtaient par ailleurs à lancer une contre-offensive un peu plus au nord, selon un des commandants responsables de la sécurité locale. Selon lui, l'objectif est de reprendre Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine, ainsi que Dour et Baiji. Samarra, une ville majoritairement sunnite, abrite l'un des grands lieux saints chiites d'Irak, le mausolée des imams Ali al-Hadi et Hassan al-Askari. Et c'est un attentat en 2006 contre ce mausolée qui avait déclenché une guerre confessionnelle meurtrière pendant deux ans. Signe de l'importance de Samarra, M.Maliki s'y est rendu vendredi pour une réunion de sécurité, alors que des témoins ont indiqué que les jihadistes s'apprêtaient à lancer un nouvel assaut sur la ville après un premier repoussé mercredi. M.Maliki, haï par les jihadistes, est accusé par la minorité sunnite de la marginaliser et la persécuter. Les experts expliquent la débandade des forces de sécurité notamment par un entraînement lacunaire, la corruption et le climat pesant du confessionnalisme. A l'étranger, M.Obama a dit examiner «un éventail d'options pour soutenir les forces de sécurité irakiennes», précisant qu'il ne fallait pas s'attendre à une action américaine «du jour au lendemain». Il a également déclaré que «sans effort politique, toute action militaire sera vouée à l'échec».