Alors que la polémique enfle sur ce sujet depuis plus d'une semaine, les autorités algériennes cultivent le suspense. C'est le black-out total. La présence de l'Algérie au défilé du 14 Juillet à Paris semble être une affaire de secret défense. Alors que la polémique enfle sur ce sujet depuis plus d'une semaine, les autorités algériennes cultivent le suspense. Aucune information n'a filtré. Le département de la défense n'a même pas daigné pondre un communiqué pour confirmer et/ ou infirmer la présence des soldats algériens au défilé et mettre un terme à cette polémique. C'est le ministre français des Affaires étrangères qui le confirme. S'exprimant vendredi dernier sur ce sujet à la radio RMC/Bfmtv, Laurent Fabius, à qui l'on demandait s'il y aurait bien trois soldats algériens lors des cérémonies, ne l'a pas exclu. «Dans mon information oui», a-t-il proprement dit, une déclaration qui confirme les propos tenus par le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian. Or, cette confirmation vient contredire les propos du secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui a écarté la participation de l'Algérie. Saïd Abadou a démenti, récemment dans les colonnes du quotidien El-Khabar, les informations faisant état de la participation de l'Algérie au défilé du 14 Juillet en France. Pour lui, il n'est pas question que l'Algérie participe à ce genre de commémorations, «tant que la question de la criminalisation du colonialisme reste en suspens». «L'Algérie ne peut y participer, insiste-t-il, que dans le cas où les relations entre les deux pays sont normalisées, c'est-à-dire lorsque la France reconnaîtra les crimes commis par le colonialisme en Algérie et acceptera d'indemniser l'Algérie pour tous les dégâts, humains et matériels, occasionnés par la présence coloniale». Se voulant gardien de la mémoire, M.Abadou persiste et signe:«L'amitié (entre l'Algérie et la France, ndlr) passe impérativement par une demande de pardon. Que cela soit bien clair pour les Français!». L'ONM aura le mérite d'être la seule organisation à avoir réagi à cette question. En France, cette polémique a aussi ouvert l'appétit à l'extrême droite qui reste hostile à toute normalisation des relations avec l'Algérie. au lendemain de l'annonce de la participation de l'Algérie, deux figures du Front national, le député Gilbert Collard et le vice-président du parti, Louis Aliot, se sont empressés de créer un collectif. «Non au défilé des troupes algériennes le 14 juillet 2014», afin de s'opposer à la présence de l'armée algérienne le 14 Juillet. Des militants du Front national et des familles de harkis s'organisent «pour empêcher le défilé de troupes algériennes aux Champs-Elysées». En réaction à ces protestations, le chef de la diplomatie française a déclaré qu'il n'y a rien de choquant à la présence des soldats algériens. «Je ne vois pas du tout ce que ça aurait de choquant, puisque c'est la commémoration de tous les sacrifices qui ont été faits, et évidemment qu'il y avait des Algériens», a-t-il affirmé en guise de justification. A l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, des représentants de 80 pays ayant participé au conflit ont en fait été invités aux cérémonies du 14 Juillet. «C'est un grand rassemblement, il y a 80 pays, et donc c'est normal que tous ceux qui ont souffert puissent être présents», a souligné Laurent Fabius. Les représentants de ces 80 pays doivent participer avec un porte-drapeau et deux soldats à l'animation initiale, qui précède le défilé militaire. Pour l'animation finale, ce sont 80 jeunes de ces mêmes nations qui seront présents.